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Marrackech express, ou jane Eyre à travers moi...
29 mai 2006

Chapitre 8 Au Grand Elfe Simanson, carnet de

Chapitre 8

Au Grand Elfe

Simanson, carnet de voyage :

Aujourd’hui, nous nous sommes rendus à la banque du FEDEK à Birme. Le Capt’ain Grandusse me devait une aide depuis longtemps : il a payé sa dette et, avec sa générosité, nous avons de quoi financer le voyage. Je ne sais pas encore très bien de quoi il s’agit. Mon informateur devrait bientôt me contacter. Nous sommes installés au Grand Elfe. Iaüle a parue atterrée de la place qu’il y a à l’intérieur. Je peux la comprendre : la première fois, ça fait un choc.

Depuis quelque temps, je n’arrête pas de me souvenir de mon évasion du Prieuré, il y a deux Pigrules. Je me demande si mon informateur ne serait pas la Séfarade. A dire vrai, il est étrange que j’ai pu m’échapper aussi facilement après avoir entendu ses paroles. Tout s’embrouille depuis que j’ai rencontré Iaüle, tout se remet en cause dans mon esprit... Son histoire de venir d’un autre monde, ça me fait un peu peur. Si c’est bien elle, je ne me sens pas capable d’assumer la charge de guide. Ce soir après le repas, je lui avouerai le but de notre périple. Et, même s’il m’en coûte, si mon informateur ne me joint pas, je la conduirai à Ste Postiche. Ils sauront quoi faire là bas…

C’est insensé. Je connais l’effet qui rend les choses "un peu" plus étroites, vu de l’extérieur, mais là, c’est carrément démentiel ! C’est tellement vaste et si richement décoré ! Pourtant les chambres ne sont pas très chères. La mienne est jaune, avec un lit en bois jaune, des édredons et oreillers jaune. La seule chose qui ne l’est pas, c’est moi. J’ai rendez-vous avec Simanson quand la cloche du repas retentira. J’ai terriblement faim : le dernier repas avalé était la viande d’écureuil dans la forêt ! Pour l’instant, je vais essayer de me reposer.

J’ai le sentiment que ce soir quelque chose d’important se prépare… Je ne sais pas pourquoi. Peut-être est-ce l’attitude de Simanson ? Tout à l’heure, je suis entrée dans sa chambre pour lui demander du savon (il n'y en avait plus dans ma salle de bain qui est, elle aussi, jaune) : il s’est précipité pour camoufler un livre sous son matelas. Et quand il m’a adressé la parole, c’était sur un ton très sec. Je sais qu’il me cache quelque chose depuis le début, mais quoi ? Et pourquoi ?

Si je m’écoutais, j’irais tout droit dans sa chambre pour fouiller ses affaires…Et tu fais bien de ne pas t’écouter… Pourquoi tout ces secrets, même toi tu es dans ma tête et tu sais plus de chose sur moi que… Nous sommes une en paraissant être deux… Arrête ce charabia : je vais redevenir désagréable… Je te l’ai déjà dis : le jour de la vérité est proche, mais es-tu sûre de vouloir l’entendre ? Oui, j’en suis persuadée : j’ai toujours détesté les secrets et puis… Eh, t’es là ? Petite voix répond ! Elle m’a encore laissé parler toute seule, à chaque fois c’est pareil ! Il ne me reste qu’une chose à faire : dormir.

Une chaleur étouffante… Les flammes lèchent les murs… Iaüle, écoute-toi ! Qui c’est là-bas ? Je pleure… Simanson, il souffre… Ne te fis à rien… Au secours ! Je brûle ! Tout est en feu… Qu’est-ce que je ressens ? Rien… Vient m’aider… J’ai une impression de déjà vu… Qui est-ce ? Une masse informe et agonisante…. Ah !

-    Iaüle, réveille toi ! C’est qu’un cauchemar.

-    Venez m’aider ! Je meure, je brûle !

-    Calme toi !

Vomir… J’étouffe…

-    Je veux sortir…

-    Ok, sur le balcon…

Encore ce cauchemar affreux. Ce n’est que la deuxième fois que je le fais et pourtant j’ai l’impression que ça fait des siècles qu’il se réitère.

L’air est frais au dehors. Simanson à côté de moi semble perdu à des kilomètres. A quoi peut-il bien penser ? Il est toujours si sûr de lui depuis que je l’ai rencontré alors le voir hésitant c’est assez troublant ! Je sens qu’il veut me dire quelque chose, me parler, se libérer d’un poids. Tout est tellement soudain : il n’y a pas si longtemps, à cette heure j’aurais été dans mon lit en train de penser à mes devoirs non faits et, prise de remords, j’aurais rallumer la lumière et aurais fait la moitié d’un exercice de français. Maintenant, tout est loin. J’ai l’impression que tout était un rêve et que…

-    Iaüle, t’es réveillée ?

-    Oui.

-    Il faut que je te parle.

Nous y voilà…

-    Tu me jures de m’écouter sans faire de réflexion ?

-    Oui, de toute façon je ne vois pas ce que je pourrais dire !

-    Ca va être assez long, alors reste les oreilles grandes ouvertes.

-    Ok, et puis j’ai pas sommeil alors ça va aller !

-    Il y a environs deux Pigrules…

-    Deux quoi ?

-    Non Iaüle, commence pas : t’as juré !

-    Poursuis, poursuis…

-    Donc à cette époque, je me trouvais au prieuré Ste Postiche, là où sont envoyés les enfants orphelins. Bref, un soir, j’ai surpris une conversation entre la Séfarade, c’est la directrice du prieuré et d’autres sœurs. Elles parlaient d’une prophétie où il était question du retour de l’Oracle d’Irgon. Alors la paix reviendrait sur le monde de l’Eluant. La Séfarade m'a surpris, elle ne m’a pas battu : elle m’a juste dis « Ce que tu viens d’entendre aurait, de toute façon, transformé ta vie ». Je n’ai pas compris ce que cela voulait dire et je ne comprends toujours pas. Plus tard, un billet m’a été envoyé : il était écrit « rends toi à la porte principale, je t’y attendrais. Mais viens cette nuit ! ». J’y suis allé : une personne dans l’ombre m’a alors ouvert la porte. Elle m’a donné cet autre papier. Et elle m’a dit « Je serai ton informateur. Dans ton sommeil, je te donnerai les messages de ce que tu dois faire ». Cette nuit, avant ton réveil, elle m’a dis de te remettre ce papier. Et ensuite nous partirons à Ste Postiche. Maintenant, repose toi bien. Et à demain matin.

-    Simanson, qu’est ce que je dois faire avec… ?

-    Pour commencer, lis ce qui y est écrit.

-    Mais il n’y a rien d’écrit dessus.

-    Tu as raison, mais ce n’est plus l’heure de jouer aux devinettes. Il est très tard et je suis éreinté. Nous ne ferions aucune découverte intéressante à mon avis, alors nous réglerons le problème demain. D’ailleurs je viendrai te réveiller dès l’aube : nous partons en Aérocapt jusqu'à Ste Postiche et il y a quatre heures de trajet. Bonne nuit, et essaie de ne plus faire de cauchemar.

Mon dieu ! Ce garçon a un sens de la compassion totalement… inexistant !

Prieuré Ste Postiche, Chambre de la Séfarade :

La Séfarade, assise au milieu de la pièce, murmure des incantations face à un tableau noir. Des volutes de fumées s'échappent d’entre ses doigts longs et secs. Assise dans un coin, je regarde, effarée, la scène. Sur le tableau apparaissent deux visages. L’un est celui d’une jeune femme, l’autre d’un homme. Ils disparaissent et laissent place à deux autres visages : à la place de la jeune femme, une adolescente lui ressemblant, et à la place de l’homme un garçon du même âge que la fille et ressemblant, lui aussi, à son prédécesseur sur le tableau. Puis toutes les images s’entremêlent. Et deux bébés apparaissent. Deux petits garçons. Le tableau redevient noir. La Séfarade se retourne vers moi :

-    Clella, voilà la prophétie.

-    Je ne comprends pas…

-    Ecoute moi : à Ste postiche, toutes les sœurs peuvent contrôler le présent. Es-tu d’accord ?

-    Oui.

-    Si ton entraînement a été si dur, c’est parce que, dès ta naissance, tu as été choisie.

-    Mais pourquoi ?

-    Ne m’interromps pas Clella : tu as été choisie pour être une Séfarade.

-    Moi ?

-    Oui, sais-tu exactement quel est le rôle d’une Séfarade ?

-    Veiller sur un des trois prieurés, avoir le pouvoir de contrôler le présent, le passé et le futur.

-    Pas seulement ! Ne sais-tu rien d’autre ? Réfléchis bien, rentre en toi-même.

-    Non, je ne vois pas ?

-    Là est le problème, tu ne vois pas. Mais personne ne voit sauf les Séfarades. Es-tu sûre de ne rien voir ?

-    Les gluants ? Mais tout le monde les voit !

-    Détrompe-toi : les plus fins vont les sentir ou percevoir leur présence, les autres vont faire des cauchemars. Mais seules les Séfarades les voient, les regardent dans toute leur horreur. Je sais que tu les vois, Clella.

-    Oui, mais pourquoi moi ? Je suis faible. Sœur Gletya, elle, est plus robuste.

-    Tu sais te battre aussi bien qu’elle, et avec plus de finesse. Certes, sœur Gletya, est une excellente combattante, mais toi, tu as la vue ! Ne discute plus, regarde et écoute.

Les deux visages adolescents ont repris place sur le tableau noir.

-    Ces deux êtres vont arriver demain. Reconnais-tu le garçon ?

-    Celui qui s’est enfuit…

-    Exact : je l’ai laissé s’enfuir. C’est un personnage-clé dans le retour de l’Oracle !

-    Et la jeune fille ?

-    Elle, tu devras la protéger sur ta vie ! A partir de demain, vos destins à tout trois seront scellés. Bonne nuit, Clella.

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