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Marrackech express, ou jane Eyre à travers moi...

29 mai 2006

Chapitre 1. Rencontre Petit déj’ terminé.

Chapitre 1.

Rencontre

Petit déj’ terminé. Direction la salle de bain pour voir ma tête avant de partir pour le bahut. Mince ! Rien à faire : cette tache ne partira pas. Autant y aller comme ça pour bien se foutre la honte. T’as vu ta gueule : t’es trop moche ma pauvre Iaüle. Bon allons-y, c’est reparti pour une journée de galère : bus, lycée, bus, maison. Tous les jours la même rengaine. D’abord c’est : « Désolé monsieur (le conducteur de bus de mon c…), j’ai oublié mon ticket… ». Ensuite, c’est les trois pimbêches de la classe : les biens nommées mesdemoiselles « Face-de-pizza », « Tour-de-pise », et la plus belle (si on aime les poils !) « Yéti », qui est ma «cousine par alliance» (encore heureux : j’aurais honte de porter le huitième de son sang !). Et pour finir en beauté, j’ai mes … enfin bon un truc de fille quoi ! Merde ! Je suis en retard !

-    Bonjour j’ai pas de…

C’est pas le même, et celui là il a une tête de chien de garde. Genre bouledogue…

-    … Pas de ticket ? Ben tu rentres pas (Je les reconnais, moi, les délinquants ! Fais gaffe, petite ! ).

-    Ouais, ben vous voulez que je fasse comment ?

C’est la tuile !

-    T’achètes un ticket ou tu dégages. Tu vas me mettre en retard… Madame ?

Hé ho ! Je suis toujours là moi ! Du bateau !

-    Ma chérie, excuse moi d’être en retard mais il y…

C'est à moi qu’elle parle la vieille ? Je la connais d’où ?… Faut que je lui réponde…

-    C’est pas grave…

-    Tu as encore oublié ton ticket ? Monsieur, deux tickets, s’il vous plait ! Voyez-vous, ma petite fille est très distraite, un peu comme moi mais…

Elle délire ou quoi ? Elle doit être très atteinte…

-    Bon, mesdames on se dépêche ! (C’est bien joli tout ça, mais moi je vais être en retard sur l’horaire.) Tout le monde en voiture !

Bon, je vais me cutter là au fond du bus, et qu’on me fiche la paix ! De toute façon, pourquoi je pense ça, puisque personne ne vient jamais me parler ? Là est la question ? (Hamlet…). Je deviens timbré : je fais des citations maintenant ! C’est à cause de l’âge : seize ans, c’est beaucoup trop vieux. Note à moi-même : (De toute manière, pour qui veux-tu que se soit ? Ce que je peux être bête ! ) il faudrait que je pense à mourir, si c’est pour devenir aussi sénile que l’autre vieille…

En parlant, elle vient s’asseoir à côté de moi. Je l’ai pas remercié. Bof c’est pas grave. Elle va quand même pas venir se taper la dicut’ avec moi ? Si oui, elle a de l’espoir ! L’ignorer, c’est la meilleure chose à faire…

-    Excusez- moi, puis-je m’asseoir à vos côtés ?

-    Oui.

J’avais raison, de toute façon j’ai toujours raison… Ne pas lui répondre, sinon j’ai pas fini.

-    Vous m’avez l’air peu bavarde, je me trompe ?

Non, la laisser parler toute seule.

-    Je suis écrivain…

Tant mieux !

-    … Et je cherche une jeune personne qui puisse transporter de vieux manuscrits de ma bibliothèque à mon bureau…

Ca nous fait une belle jambe ça, dite moi !

-    J’habite dans le quartier…

Ben tiens, ça m’aurait étonné !

-    … Et, comme j’ai cru le remarquer, vous n’avez jamais d’argent pour le bus…

Bravo, Sherlock ! Où est Watson ?

-    J’ai donc pensé à vous pour m’aider…

Parce que t’arrives à penser ? T’es pas encore atteinte d’Alzheimer ?

-    Bien sûr, je vous payerai !

J’aurais pu vous répondre « oui » tout de suite, mais je suis pas du genre à voler l’argent des vieilles…

-    Je vous rembourserai le ticket, vous en faites pas. Bon, au revoir : je suis arrivée !

-    Repense à ma proposition, Iaüle !

Moment d’arrêt. Pause. Retour en arrière. COMMENT elle m’a appelée ? Iaüle ? Ça fait des lustres que plus personne ne m’appelle comme ça. Je suis Bouchon (pour mes grands-parents), Mlle de la Tombe (pour les profs), et Croque-mort (pour les gens du lycée). A part ces trois catégories, je ne parle à personne. COMMENT connaît-elle mon prénom, la question est inévitable. Demain,  je lui demande !

Le lycée : rendez-vous des incultes et des rebus. Trop intelligents pour les BEP et autres CAP, la plupart des lycéens sont trop feignants pour travailler en seconde. Le brevet les a déjà bien fait c… l’an dernier, ils vont quand même pas bosser cette année ! La moitié va doubler (et pas redoubler ! Ils vont quand même pas se la taper quatre fois, la seconde !), l’autre moitié est divisée en deux : les vraiment trop bêtes qui vont en professionnel (peuvent pas faire autre chose !), ceux (encore deux possibilités) qui ont bien bossé (minorité…) et ceux qu’on peut pas faire autrement parce qu’un « re »doublement, ça coûte trop cher à l’Etat ! Dites-moi pourquoi ils en font doubler qui ne travaillerons pas plus, et ils en font passer alors que le doublement leur serait bénéfique ? Bon bref, je m’égare.

Le lundi matin, pour bien partir, on démarre avec deux heures de français en compagnie de la prof la plus soporifique de tout le lycée. (Même la prof de maths arrive à me captiver avec sa trigonométrie, c’est pour dire…). Enfin bon après s’enchaînent : sport, maths, TP de chimie. Beau programme en perspective !

Bus, maison. C’est pas trop tôt ! La vieille est pas là. Au moins elle viendra pas me parler. Journée banale : à part Yéti personne n’a remarqué ma tâche. Elle s’est moquée de moi avec ses copines, mais je leur ai fait mon regard de méchante sorcière cruelle… Après elles se sont occupées du cas « DANIEL ». Pauvre gars : pas très intéressant, mais martyr dans l’âme.

garçon qui m’accompagne.

-    Mamie ? Je suis rentrée.

-    Bonsoir Bouchon !

-    Bonsoir papy !

-    Mamie est chez madame Prépai.

-    Connaît pas.

-    Tu devrais arrêter de manger ces cochonneries…

-    Pourquoi ? J’aime ça, et puis si t’aimes pas t’en mange pas.

-    C’est pour toi que je dis ça.

Oui, ben garde tes réflexions la prochaine fois !

-    Que vas-tu faire maintenant ?

Devine !

-    Regarder la télévision ?

Je viens de découvrir la véritable identité de mon grand-père : c’est lui Watson !

-    Je ne comprends pas cette génération : tout le temps…

Et blabla… Il est reparti pour une longue heure de monologue ! Tu m excuses pépé, j’ai autre chose à faire…

-    Aucune imagination…

Ne surtout jamais entrer dans la discussion et le laisse parler seul… Il aime tellement s’écouter !

-    Aucune initiative…

Alors là, je t’arête : j’ai beaucoup d’imagination et je prends des initiatives… Certes, je n’ai pas d’exemple précis mais… Mon programme télé va commencer ! Désolé de te planter au milieu d’un si puissant discourt…

-    Mais pourquoi ne m’écoute-t-on jamais…

La télévision : l’objet de beaucoup de critiques mais aussi de convoitises. Qui a notre époque n’a pas de téléviseur ? Qui n’aime pas regarder les images défiler à une allure telle que l’on en oublie le temps qui passe et tous les devoirs de la vie ? Qui n’aime pas se sentir abruti par les sons tonitruants, les images aux couleurs gaies et souvent criardes des plateaux télé où se succèdent chanteurs à la voix mielleuse, acteurs à belles gueules, etc., etc., … Le présentateur tantôt souriant, applaudissant, scandant… Une sorte de propagande en somme. Mais seules quelques personnes, vues très certainement comme des marginaux, refusent ce système, refusent de se soumettre à la « société de consommation » (nom pompeux que les intellectuels emploient pour qualifier la société actuelle et son système). Moi en tous cas cela me plait car je n’ai pas à réfléchir. Aujourd’hui la télé est une sorte de McDo’ géant ou le présentateur pourrais dire « Sur place ou à emporté ». Le téléspectateur (le client) est roi et on lui sert de la merde télévisée, de la connerie sur un plateau. C’est pas la restauration rapide pour l’estomac, mais c’est quand même l’indigestion assurée !

Mon émission favorite : Pop stars. Là, des millions de gens dans toutes les villes de France viennent passer des auditions de chants et de danses devant  des jurys inconnus du grands public (mais apparemment très connus des « peoples ») pour se faire casser devant la France entière parce qu’ils ne savent pas chanter, ou danser, ou les deux. Enfin bon, en ce moment, c’est la grande mode de la télé-réalité et comme disent les vieux quand ils sont vulgaires « des merdes américaines » !

Déjà huit heure : encore à la bourre ! Pourquoi ça n’arrive qu’à moi de se lever à huit heures pour être à l’arrêt à huit heures cinq ?

-    Toujours pas de ticket ?

-    Toujours pas…

Il est revenu !

-    Allez monte ! Eh petite ! La vieille du fond veut te parler !

-    Hein ? Ouais…

-    Bonjour, Iaüle.

Je suis repérée…

-    Comment-vous connaissez mon prénom ?

-    Un mystère de la vie… Alors tu as pris ta décision ?

Silence… Technique employée souvent par ma personne pour éviter de répondre aux questions gênantes. Pourquoi je ne possède pas la science infuse ?

-    Iaüle ?

Lui répond pas sinon tu vas dire une connerie…

-    Tu es d’accord pour ce travail ?

-    Oui

Pourquoi j’ai dis ça ?

-    Merveilleux ! Tu commences quand ?

Jamais…

-    Mercredi à quatorze heures ça te va ?

Non !

-    Oui !

Je suis totalement folle !

-    Déjà arrivée ! Le temps passe vite !

On doit pas avoir la même notion de la chose

-    Au revoir !

Sourire commercial et forcé pour paraître super contente…

Génial ! Maintenant je dois aller me farcir les oreilles de papotage inutile d’une vielle folle, et de la poussière dans les yeux, le nez, tous les pores de la peau.

Le lycée : rien de folichon aujourd’hui… Encore que la journée est vite passée ce qui est extrêmement rare.

La vieille : elle m’a pas donné son adresse. Ca me fait une excuse pour pas y aller (Tu es véritablement puérile !) Pourquoi ai-je une conscience ?

-    Mamie ! Je suis rentrée ?

-    Oh Bouchon ! Madame Prepai est là : je crois que tu la connaît déjà.

Pas le moins du monde, mais si tu le dis.

-    Bonsoir Iaüle !

La vieille ? Qu’est-ce qu’elle fait là ?

-    Madeleine m’a dit que tu avais accepté de travailler pour elle…

-    Contre de l’argent ! Cinquante euros, cela te va ?

-    Oui.

Chaos le plus total dans ce qui me reste de cerveau !

-    J’étais venue te porter mon adresse : je ne t’avais pas renseignée sur ce point. A demain donc. Bonne soirée !

Iaüle remet toi et file dans ta chambre avant d’être assaillie de questions par mamie.

-    C’est une bonne chose pour elle…

Et blabla ça jacasse pendant des heures… Enfin mon lit si douillet, si confortable. Voyons voir l’adresse : où je l’ai mis, ce bout de papier là ? Non… Ah, le voila ! Cette manie de tous mettre dans les poches ! Elles sont tellement pleines, on dirait qu’elles vont exploser.

« 5 rue de la Bonne Fortune »… Je connais pas… Plan de la ville sur Internet… Mais cette rue, elle existe pas !

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29 mai 2006

Chapitre 2 Une Rue absente Mercredi. Journée de

Chapitre 2

Une Rue absente

Mercredi. Journée de grâce : matinée et de télé à gogo.

La chance me sourit. Si cette rue n’existe pas, je peux pas aller chez la vieille. Conclusion : je vais pouvoir me gaver de fast-télé. Une petite expression que j’ai inventée pour désigner ma boulimie télévisuelle. En général le matin, mamie est sur le marché, papy à la pêche et Iaüle devant la télé en pyjama avec les tartines. Vous aurez sûrement remarqué que la télé tient une grande place dans ma vie. Ben quoi, ça éveille le sens critique. Bon, je n’ai pas établi une argumentation très fondée sur la question, toujours est-il que, grâce à elle, je ne m’ennuie pas.

Les dessins animés pour les petits. Il n’y a pas écrit d’âge limite de consommation dans les génériques. Mon préféré commence. Eh, c’est quoi ce bruit ? Qui vient me dérangé au beau milieu du générique de Draculitot. Ok, c'est pas une super référence mais c’est marrant. J’ai que 16 ans ! Judas. Oh mince, la vieille ! Elle est du genre colle-roche. J’ouvre, j’ouvre pas (là est la question !). J’ouvre, je suis vraiment trop gentille.

-    B’jour !

-    Bonjour Iaüle. Je suis allée sur le marché ce matin, et j’ai pensé que ça te ferait sûrement plaisir de venir déjeuner chez moi avant le travail.

Pas du tout !

-    Euh, ouais !

Ce que je suis gentille !

-    Bon, et bien je t’attends le temps que tu te prépares.

Ambiance tendue. Ne joue pas les élastiques, ne fait rien pour la détendre. Elle va se croire en terrain conquis

-    Entrez, j‘arrive.

Laissez moi me mettre des claques ! Quatrième vitesse dans la chambre. Vieilles fringues. Salle de bain. Eteignage de télé (ça veut rien dire mais c’est dans l’action). Voilà comment être prête en une minute, montre en main, pour partir à l’abattoir.

Il a neigé. C’est difficile d’avancer rapidement, mais la vieille marche vite. On dirait quel est montée sur ressort : elle ne marche pas, en fait elle sautille. Je ne sais toujours pas où se situe la rue de la Bonne Fortune. Je déteste l’inconnu ! Je déteste déjà cette rue et tout ce qui va avec. Qu’est ce que je vais bien pouvoir faire pour me tirer de là ? Ca ne sert à rien de compter sur mes grands-parents : ils sont tout à fait d’accord. "C’est un bonne idée,  tu vas pouvoir te bouger un peu au lieu d’être assise devant la télé." Tu parles d’une idée ! Aller trier des vieux bouquins pleins de poussière un mercredi, alors que c’est le jour de tous mes programmes préférés (Je l’ai déjà dit ça, non ? C’est bien ce que je pensais : je devient sénile). Il faut positiver, comme dit toujours l’oncle de Jacky Chan (il est vraiment très marrant ce dessin animé). Bon, je ne voudrais pas avoir l'air de me plaindre tout le temps, mais quand est-ce qu’on arrive ? J’ai même pas eu le temps de finir mon petit déj’, qu’elle me propose déjà d’aller déjeuner ! Oui, il y a quand même une nuance de quelques heures entre les deux actions. En fait je sais pas l’heure qu’il est, mais à mon avis on approche à peine de midi. Ce sera un déjeuné de midi très matinal pour un mercredi. Je déteste les gens qui mangent toujours à la bonne heure même quand ils ne travaillent pas, je vais me détester pour le restant de ma vie. Bon, un point positif : au moins je n’aurais plus faim.

-    Nous sommes arrivées !

Quoi ? C’est là qu'elle habite ? Je m'attendais à un truc miteux, genre vieille maison british. Elle habite un palace, la vieille !

-    C’est vraiment très grand ici.

-    Mon mari était ingénieur de la marine française.

Eh ben, pourquoi elle s’est pas payé un larbin mieux qualifier que moi pour son boulot ?

-    Moi, j’étais écrivain.

-    Et vous n’écrivez plus ?

-    Je suis bien trop vieille maintenant, je laisse la place aux jeunes. Je porte mes commissions à la cuisinière et je te fais visiter, si tu le souhaites.

Bien sûr que je le souhaites ! Haussement d'épaules.

-    Très bien. A tout de suite, alors.

Toute seule. Elle m'a laissée toute seule ! Je sais pas quand elle revient et où je dois aller en attendant.

-    Mademoiselle, madame veut que vous visitiez la maison en ma compagnie.

J’ai cru mourir ! On dirait un croque-mort avec des yeux globuleux et vitreux, la peau flasque et un peu verdâtre.

Mais qui l'a déterré ?

Ca fait une heure que je suis rentrée dans cette baraque, et ce que j’ai vu était très neuf ou paraissait neuf et bien entretenu : les petites fleurs dans les petits pots qui vont bien. Et pas un air vieillot (à part le majordome qui est en fait super sympa et qui s’appelle Albert-Saturnin. Il travaille ici depuis trente-deux ans : j’ai pas osé lui dire qu’il fallait peut-être ajouter soixante-dix ans à cette date tellement il paraissait décharné, mais je suis trop gentille).

Le repas c’est bien passé et c'était pas trop mauvais : poulet rôti et patate à l’eau. Maintenant je suis dans ce grenier à trier des vieux bouquins poussiéreux. Je m’intoxique les poumons mais tout le monde s’en contre fou. De toute manière, ma vie n’est pas bien importante, comparée à tous les malheurs du monde. Sauf peut-être la mort du cochon d’inde de Loana : tous les journaux en ont parlé, pauvre petite bête bien engraissée. Tout ces livres ont au moins trois siècles, ce ne sont plus des livres mais des pelures. Parfois on ne voit même plus les titres. J’adore les livres mais quand les pages sont blanches et qu’on n'arrive pas à les tourner sans avoir peur qu’il ne tombe en poussière. « Tu es née poussière et tu redeviendras poussière ». Entre les deux, tu es de la poussière colmatée avec de l’eau. C’est bien gai tout ça, mais comment je m’y prends pour classer ces bouquins. Par auteurs ce sera peut-être plus facile. Bon A. Conan Doyle. Dans les C ou les D ? Les D. Bon voilà qui m’avance bien, y a au moins une bonne douzaine de centaines de livres. Positivons, il faut toujours positiver.

Voyons la situation du bon coté : mais y a pas de bon coté ! Iaüle reprends-toi voyons ! Tu vas gagner de l’argent, ne pense qu’a ça ! Bon, c’est pas un super motif mais ça motive quand même ! Demain j’apporte mon walkman pour avoir un contact avec le monde réel car, de ce grenier, je ne vois rien du dehors. Juste un grand marronnier et c’est en fin de compte lui qui me bloque le paysage.

L’ambiance est un peu fantastique : avec toute cette poussière l’air de la pièce est flou et l’odeur est assez indescriptible, un mélange de cannelle, de vieux papier et d’encre passée. Une odeur de cannelle ! Qui met de la cannelle dans ses bouquins ? Un parfum d’ambiance, certainement, mais dans un grenier c’est de l’argent jeté par les fenêtres ! Je m’en fous, c’est pas le mien ! (Que je suis égoïste !). Dickens : D aussi. Déjà deux livres de classés ! Mon dieu, que je suis rapide ! Si ça continu comme ça, dans cent ans on retrouvera un tas de poussière ! Quoique, au milieu de la poussière des livres ce sera pareil.

Quelle heure est-il ? Mince, ma montre ! Me voila pour de bon coupée du monde. Avec pour tous compagnons… des livres défraîchis. Si ils l’étaient moins, je pourrais au moins en lire des passages, mais là, ni pensons même pas. Demain j’amènerais un sac avec tout ça. Et oui ! Elle a réussit à m’embaucher le soir après l’école pendant une heure. C’est pas si mal : j’aurais une excuse pour ne pas bosser. Restons concentrée. A. Christie : C. Trois livres j’en ai déjà marre. J’arrête pas de me plaindre ! J’en ai marre de moi et de tout le monde.

Je sais pas depuis combien de temps je classe tout ces bouquins, mais la partie nord est quasiment terminée. J’ai compté environ deux cent livres : j’imagine le reste ! Bon je crois que je vais m’arrêter : là, derrière le marronnier, je vois la lune brillante et en croissant c’est très beau. Je crois que je suis tellement fatiguée que je vais m’endormir sur place. Je dois ressembler à un épouvantail, (comme d’habitude !) mais pleine de poussière. Je dois être terrifiante. En effet, si mon visage est aussi crasseux que mes mains, ce doit être d’une lugubre beauté. Un comble pour qui s’appelle de la Tombe.

Il reste encore un carton ? Dire que je me faisais une joie d’avoir fini. Je le ferrais demain. NON ! Maintenant ! Comme ça j’aurais vraiment fini. Je ne savais pas que dans ma tête j’avais la voix de la raison. ALLELUIA ! Mamie va être ravie. Bon qu’y a-t-il là dedans ? UN livre, un vrai, seul, même pas abîmé. Il doit être neuf. Je ne pensais pas que ça existait dans ce grenier. Comme quoi…

« Les Aventures de… » Le titre est assez étrange : on dirait qu’il n’est pas fini. Il n’y a pas l’habituel résumé à la fin. Je voudrais bien connaître l’histoire… Bon, je l’ouvre. Pourquoi je me sens si coupable, j’ai quand même le droit de…

Eh ! Mais qu’est ce qui se passe : j’ai envie de vomir, la tête qui tourne… Oh non ! J’ai attrapé la grippe…

29 mai 2006

Chapitre 3 Oh ! La galère… Qu’est ce que j’ai

Chapitre 3

Oh ! La galère…

Qu’est ce que j’ai encore fait comme bêtise ? C’est pas possible : y a à peine une minute j’étais chez la vioc à trier ses pelures, j’en ouvre une, et je me retrouve ici avec un mal de tête que même un Exomil proportion éléphantesque ne pourrait apaiser ! Premio : où je suis ? Deuxio : qu’est ce que je fous là ? Tertio : pourquoi ça tombe toujours sur moi ce genre de connerie ? Il fait très noir : soit c’est une cave soit… une cale ? Non, je suis dans un bateau ! J’y crois pas : ça existe encore les bateaux en bois ? Ne vous demandez pas pourquoi j'ai deviné ça avec cette rapidité : je viens de tomber sur un hublot donnant une vue panoramique, et pas du tout paradisiaque, sur des poissons qui à mon "humble" avis, ont dû manger des graines nucléaires : avec leur tête, soit ils viennent de Mars, soit c’est très pollué par ici. Enfin bon, je sais toujours pas où je suis. J’ai un indice, non deux : en fait, soit je suis au bord de la mer, soit je suis en pleine mer. La deuxième possibilité me semble la plus terrifiante. Imaginons seulement que je viens de m'écraser dans un bateau pirate : que vont-ils faire ? Probablement me manger (mais non tu délires là ! Ca doit être la poussière…). Un bateau. Franchement, j’aurais pas pu tomber plus mal, moi qui ai le mal de mer dans mon bain (façon de parler !).

Avant toute chose, il faut que je sorte de ce rafiot. Je savais même pas que mon vocabulaire comptait ce genre de mots. Il faudrait que je me lance dans l’écriture. Comment monter cet escalier. Ben avec tes pieds ! Ce que tu es bête… Non, il y a quand même une petite modalité : sans se mettre de la colle puante partout. Voilà une aventure, ma vieille Iaüle. Première marche : tout va bien (te réjouis pas trop tôt, c’est que la première. Il en reste une bonne vingtaine !). Bon la deuxième, la troisième, la quatri... Merde, qu’est ce que c’est encore ? Un lézard. Un lézard géant ! Non mais faut pas déconner : je suis tombée dans la troisième dimension ou quoi ? Bon, continues à avancer, fait abstraction du lézard : plus que cinq marches et la porte. Arrête de te motiver, tu vas finir par ressembler aux nunuches de Fort Boyard. Alléluia, la porte enfin ! A part le lézard et la colle, il ne m'est rien arrivé.

Purée ! Le loquet est cassé ! Je suis fichue, morte, assassinée sans avoir remangé de Nutella et en n’ayant pas vu le dernier épisode de Buffy. C’est moins grave que d’avoir loupé celui des Totally Spies mais quand même ! Heureusement qu’il est passé la semaine dernière. T'es vraiment trop matérialiste ! T'es peut-être en train de mourir, et tu penses au programme télé ! Encore cette voix ! Ferme là donc un peu et laisse moi être bassement matérialiste si je le veux. Ben, j’ai plus qu’à redescendre et attendre que quelqu’un descende. Ca m'étonnerais mais bon…

Je ne sais pas depuis combien de temps je suis là, un jour, une semaine, un mois, un an, un siècle… Arrête d’exagérer ! Ca doit faire juste une heure. Pourquoi j'ai pas ma montre ? D'habitude les héroïnes de science fiction ont toujours plein de gadgets. Depuis que je suis coincée là, j’ai pas mal réfléchi et j’ai observé ces poissons. Je suis arrivée à la conclusion que si j’étais encore sur ma planète, les poissons ne seraient pas ainsi, la mer n’aurait pas cette couleur jaune, et le bateau ne serrait pas en bois et recouvert de matière gluante. A part la faim qui me tiraille le ventre, tout va bien. Non, en fait ça va pas du tout : j’ai envie de faire pipi et bien sûr y a pas les toilettes intégrés. Je me vois mal en train de… Eh mais quelqu’un  ouvre la porte !

-    Rentre là dedans, ça t’apprendra !

Ne bouge pas ma vieille, ils ont pas l’air sympa et, à mon avis, si tu leurs dis que t'as envie de pisser, ils te découperons en petits morceaux et te donneront à manger aux poissons mutants.

-    La ferme !

-    Qui est là ?

Mince, j’ai parlé à haute voix.

-    T’es qui ?

-    Personne !

Alors là, je me sens transportée on dirait Orlando Bloom en plus jeune. Quand même, ça fait un choc !

-    Parle, je ne te vois pas. Es-tu un lutin des cales ?

Non pas du tout mon pauvre gars : les fées, c’est pour les films.

-    Je suis près du hublot.

-    Eh ! Mais t’es une fille !

Mon dieu ! Quelle perspicacité !

-    Pourquoi t’es pas avec les autres dans la calle sud ?

J’en sais rien, mais si il y a des toilettes, ça m’intéresse !

-    Enfin heureusement que t’y es pas.

Bon vas-y, demande lui son prénom sinon il va croire que t’es muette.

-    Comment tu t’appelles ?

Mon dieu, ma voix a changée : elle est super aiguë ! Grattement de gorge. Il va croire que t'es une minette…

-    Simanson et toi ?

Quel prénom bizarre. Qu’est ce qu’il attend ? Pourquoi il me regarde comme ça ? Ah, mais ce que t’es gourde ! T’es en train de te foutre la honte pour pas changer !

-    Iaüle.

Quoi ? Ton prénom  est plus bizarre que le mien !

-    On est ou là ?

-    Dans la galère…

-    Oui, je sais qu’on est dans la mouise mais…

-    Non. Pas ce genre de galère : un bateau si tu préfère.

-    Ca aussi je suis au courant. T’as vraiment aucun sens de l’humour !

Non, fait pas la tête !

-    Je plaisante !

-    Qu’est ce que tu fais là ?

Si je lui dis que j’ai ouvert un bouquin et que je me suis retrouvée parachutée ici, il va définitivement me prendre pour une folle. Il ne serait, de toute façon, pas loin de la vérité… Choisies la méthode communicative sinon tu risques vraiment de finir pleine de champignons.

-    Je sais pas trop. Est-on en pleine ou au bord de la mer ? Qui sont ces gens au-dessus ? Que vont-ils faire de toi et de moi si ils me trouvent ?

-    Tu poses beaucoup trop de questions. On est en mer du Kimoliun. Nous arriverons demain soir au port de Pitum. Les hommes du dessus sont les marchands de tritinlum. Ce sont des vendeurs de femmeclaves. S'ils te trouvent, ils te vendront avec les autres au marché de Birme.

-    Eh, du calme ! Ca sort d’où tout ça ? On est plus au Moyen-Âge ! C’est quoi les femmeclaves ?

Pourquoi il me regarde comme si j’avais dis la plus grosse bêtise du monde ?

-    Mais tu sors d’où ? T’es aussi inculte qu’un cluricaune.

-    Quoi tu me parles chinois, et en plus tu m’insultes ? C’est toi qui es bête ! Moi j’ai essayé d’être sympa, ce qui, cela dis, est très rare d’habitude, alors si tu es plus intelligent, dis moi comment on sort d’ici. Je n’aurais ainsi plus à souffrir ta présence.

C’est qui, qui se sent bête maintenant ?

-    C’est pas si simple.

Voila. Maintenant monsieur fait la tête, assis dans son coin. C’est bien fait, il ne fallait pas me provoquer. Et encore, là j'étais soft. Il ne m’a pas dit ce que lui faisait là. Non, ne lui pose pas de questions sinon il va croire que tu es une fille facile. Tu es beaucoup trop curieuse Iaüle… Ah toi ! T’es toujours là ? Mais qui es-tu bon sang ? Quelqu’un qui te sera très utile. C’est ça on verra…

-    Encore en train de parler toute seule ?

Ne réponds pas.

-    Je t’ai pas dis pourquoi je suis enfermé là…

-    Ca m’intéresse plus.

-    Alors à un moment ça t’a intéressée ?

-    Tu le fais exprès ou t’es vraiment un pignouf ?

-    Un quoi ?

-    Ah lala ! C’est toi qui comprends pas ! Comme on dis chez moi : la vengeance est un plat qui se mange froid…

-    Chez moi aussi, on dit ça, mais on ne se venge pas : on laisse ce soin aux brutes, comme les gnipus.

Tais-toi ! Tu vas encore te faire incendier…

-    Alors pourquoi es-tu dans cette calle puante ?

-    Je suis, ou plutôt, j’étais mousse. Maintenant ils vont me manger.

-    Te manger ? Comme dans la chanson ?

Pourquoi est-ce que les mots me sortent aussi vite de la bouche ? Je suis ridicule !

-    Quelle chanson ?

-    Laisse tomber…

-    Je dois laisser tomber quoi ? Je ne tiens rien !

-    C’est une expression : ça veut dire "oublie ce que je viens de dire et te fait pas de nœud au cerveau". Bon, tu réponds à ma question ?

-    Ben, ça y est.

Pourquoi es tu toujours si vindicative ?

-    Ils vont te manger, mais ce sont des barbares !

-    Non, des marchands de tritinlum.

-    Mais des commerçants ne sont pas cannibales ?

-    Ce ne sont pas des commerçants. Mais d’où viens-tu pour ne rien connaître du monde ?

-    Tu veux la vérité ? Tu vas l’avoir, mais si tu fais un seul commentaire je t’égorge.

-    Je t’écoute, de toute façon y a rien d’autre à faire.

-    Voilà, c’est terminé. Et je suis coincée ici avec toi.

-    Un livre magique tu dis ? C’est bien la première fois que j’entends pareille légende !

-    Ce n’est pas une légende, c’est la vérité !

-    Je n’ai pas dis le contraire : si tu viens d’un autre monde, bon nombre des mots de vocabulaire que nous utilisons ne doivent pas avoir la même signification pour toi et moi. Je comprends maintenant mieux ton incrédulité et la mienne.

-    Ouais. Ca n’explique pas tes insultes…

-    Je m’excuse. Laisse moi t’expliquer, si tu veux.

-    Bon, à moi de t’écouter.

Au moins, maintenant tu t’ennuies plus toute seule dans ce lugubre endroit.

-    Les marchands de tritinlum ne sont pas vraiment humains. Ils viennent du nord et sont très sanguinaires, ils tiennent certainement ce trait de caractère de leurs ancêtres, les barbares De Trytte mais ils tiennent leur nom d’un marchand. Le père de leur peuple était  un commerçant du pays de Kimoliun. Celui-ci est tombé amoureux de la fille du roi barbare, la princesse Mab. Le roi des barbares s’était marié avec une fée Meiga, et leur fille était très belle. Malgré leur cruauté, les barbares sont des hommes d’une extrême beauté. Tu sais maintenant qui sont ces hommes.

-    Et les gnipus ?

-    Des entrehumains de l’est. Fait pas cette tête ! Des entrehumains sont des créatures mi-homme, mi-féeriques. Ils ont, comme les barbares, des racines humaines et des racines elfiques : ce sont les fils des Dames Vertes et des descendant de Doral, un des frères Doriomo. Les frères Doriomo sont les premiers hommes arrivés dans les terres du Kimoliun. Très vite ils ont découverts d’autres terres et les ont partagées en quatre royaumes : celui de Kimoliun, des Birmaniens, de Kirchmoi et de Timancy. Aujourd’hui ils sont séparés en bien plus de territoires mais c’est un peu compliqué. Toujours est-il que les gnipus, à force de se marier entre eux, sont devenus totalement bête et ne pensent  qu’à se battre.

-    Et les cluricaunes ?

-    Ce sont des êtres des caves. Ils sont bêtes. On s’en sert comme insulte… Mais je me suis déjà excusé !

-    Oui, tu es tout pardonné.

-    Maintenant nous devons réfléchir à notre évasion. Dehors la nuit est tombée. Mais nous sommes encore loin du port.

-    La porte est infranchissable de l’intérieur.

-    Oui, je sais.

-    Si tu sais déjà tout…

-    Non, ne recommence pas ! Si nous voulons sortir, il nous faudra nous entendre et être discrets. Voilà ce que nous allons faire.

La nuit a été longue. Simanson dort encore alors que je suis restée l’oeil ouvert, guettant tout bruit suspect. Les pas provenant du pont s’étaient atténués, mais, depuis quelques minutes, ont repris. J’en conclu que le jour doit être levé.

-    T’es déjà réveillée ?

-    J’ai pas dormi de la nuit.

-    La première nuit dans une galère est toujours fatigante.

-    Tu m’étonnes : avec toi qui ronfle comme une chaudière et ce foutu lézard !

-    Quel lézard ?

-    Celui-là.

-    Ce n’est pas un simple lézard : c’est un pentogrim ! Mais c’est génial !

-    Je vois pas ce que ça a de génial…

-    Les pentogrims sont des êtres magiques et bienveillants. Je sais maintenant pourquoi il y a de la matière gluante et collante partout. Je comprends mieux…

-    C’est quoi le rapport ?

-    Ben… C’est un peu dégoûtant…

-    Dis toujours : je suis plus à ça près !

-    C’est sa matière féc…

-    Non ne dis rien ! J’ai compris. C’est de la crotte de pentogrim. C’est vraiment immonde ! Mais où as-tu appris toutes ses choses ? Dans une école ?

-    Pas vraiment : les écoles sont réservées aux riches, disons que j’ai appris ça tout seul. Tu te souviens encore de notre plan ? Es-tu toujours d’accord ?

-    Je sais pas trop… J’ai bien réfléchi : maintenant je trouve ça répugnant.

-    T’inquiètes : tu pourras te laver après. Ne parlons plus. Il faut attendre maintenant.

Il en a de bonne ! Quand je pense que j’ai accepté ! Je préférerais presque être vendue maintenant. Quoique, être esclave ne doit pas être très épanouissant. Sur terre, j’étais esclave de la télé : je préférais. Après tout ce que je viens d’apprendre sur ce monde, il me paraît terrifiant. Et je ne comprends toujours pas pourquoi le sort s’acharne sur moi. Mais maintenant il y a tout de même un point positif : Simanson. Il est peut-être pas super sympa mais je ne suis plus toute seule. Et je pourrai passer mes nerfs sur lui…

Toute une journée à attendre… Je ne sens même plus l’odeur putride du pentogrim ! Heureusement, parce que sinon je laissais vraiment tomber Simanson. Ce qu’il y a quand même de pénible avec lui, c’est que si je ne pose aucune question, il ne parle pas. Il émet de temps en temps des borborygmes étranges, mais c’est tout. Il ne paraît pas vraiment humain. Mais d’après ce que j’ai compris, la plupart des gens sont des entrehumains. La seule race vraiment humaine habite l'Île d’Irgon. Je n’ai pas creusé le sujet : il n’avait pas l’air très enthousiaste. D’ailleurs il m’a dit  « laisse tomber »…

29 mai 2006

Chapitre 4 La fuite - Iaüle, réveille toi ! -

Chapitre 4

La fuite

-    Iaüle, réveille toi !

-    Mamie ?

-    Non. C’est Simanson.

Simanson, le bateau  le pentogrim… Non c’est bien réel !

-    Tu es prête ? L’heure est arrivée.

-    Non, ne me dis pas que t’as rien trouvé d’autre ?

-    Crois moi, c’est une excellente idée !

-    J’en suis convaincue mais…

-    Si tu n’es pas satisfaite, tu peux toujours rester ici et te faire dévorer à ma place…

-    Bon d’accord, je capitule.

Iaüle, ma vieille, je crois pas que tu puisses tomber plus bas un jour... Et me voici donc en train de m’enduire de crotte de pentogrim. Pourquoi ai-je accepté et n’ai pas chercher un autre moyen ? Sûrement parce que c’est le seul... La colle puante rend les choses transparentes : je ne l’avais pas remarqué. (Simanson bien sûr que si : je ne suis qu’une bêtasse !) Son plan est de nous en recouvrir, d’attendre qu’un des gardiens vienne le chercher, de coincer la porte pour qu’elle reste ouverte, et de partir en courant. Ce qui a l'air très simple en apparence, devient plus compliquer quand on s’aperçoit que la matière de la colle n’adhère pas à celle de la plupart de mes vêtements. Je suis maintenant en sous-vêtements. (Dans mon malheur, j’ai la chance qu’ils soient en coton sa imbibe très bien. Mais quand même !) Simanson, lui, a gardé tous ses habits, si on peu appeler ainsi la loque qui lui sert de chemise et la serpillière en guise de pantalon.

La porte s'ouvre. Nous voilà l’un à coté de l’autre en bas de l’escalier. Mon dieu, ce que cet homme pue. J’espère qu’il va pas découvrir mes vêtements. Mais non, imbécile ! Ils sont tellement bien cachés que même toi, t’arriverais plus à les trouver.

-    Crapule ! Où te caches-tu ?

Aller, descend ! Qu’est-ce que t’attends ? Il faudrait que quelque chose fasse un bruit pour qu’il descende. Le lézard.

-    C’est quoi ce bruit, gamin ? M’oblige pas à venir te chercher !

C’est le lézard, j’en suis sûre. Le hasard fait bien les choses… Plus l’homme se rapproche, plus ça pue, plus je suis pétrifiée.

-    J’arrive ! Je vais te mettre la raclée de ta vie !

On y va, imperceptible son et me voilà en train de monter les même marches que la veille avec plus de trouille et encore plus envie de pisser. La porte est ouverte : on a beaucoup trop de chance, il va nous arriver quelque chose ! La dernière marche, j’y crois pas : on a réussi !

L’air du dehors me fait mal aux poumons. Sitôt sortis, Simanson a refermé la porte au nez du marchand qui n'a rien compris. Ca fait du bien de sentir le vent sur mon visage. Mais je suis à moitié nue et j’ai trop froid. Je n’ai toujours pas lâché la main de Simanson car sans lui je ne trouverai pas la sortie. Personne ne peut le voir, même pas moi et inversement. Nous sommes totalement translucides. Il fait nuit noire mais des lumières brillent autour du bateau arrêté. Ca y est : nous partons. La main de Simanson est immense et broie la mienne : c'est le prix de la liberté. Les remous des vagues contre le bois du bateau, rien que ça, ça me donne envie de vomir. Mais si je parle, les pirates vont se demander si leur navire n’est pas habité par une créature et se mettront en chasse. Même s'ils n’ont que très peu de chance de me trouver, je ne préfère pas me faire remarquer. Simanson nous fait faire tout le tour du bateau. Il veut me faire visiter ou quoi ? C’est vraiment pas le moment…

-    Aïe…

-    Fais moins de bruit !

-    Mais pourquoi t’a pilé comme ça ?

-    Tais-toi : quelqu’un arrive.

Nous sommes maintenant contre un mur de bois plein d’échardes me lardant le dos. Il faut faire attention de ne pas trop s’y accoler pour ne pas que notre camouflage s’en aille faire une promenade dessus. Je sens déjà que par endroit ça a séché et que ça se craquelle. Les hommes s’éloignent. Il tire sur ma main, on recommence à marcher. J’entends seulement sa respiration. La mienne s’arrête toutes les cinq minutes et je fais un effort surhumain pour ne pas éternuer et par extension… Enfin bon, je me retiens quoi !

La lune éclaire vivement la mer maintenant, et l’avant de la galère commence à se dessiner plus nettement. Nous avons rencontré peu d’hommes : tous doivent être à terre, fêtant leur arrivée. La chance nous sourit vraiment trop. Je vois un trou dans la coque. C’est une porte. La porte de sortie ! Bientôt nous serrons loin d’ici et de tous ces fous…Iaüle tu as encore parlé trop tôt. Et comme on dirait dans les livres : un énorme chien leur barra la porte...

"Enorme" est un bien piètre mot. "Monstrueux et aux crocs acérés" serait plus approprié pour ce genre de situation. Un chien pas du tout sympathique, tenant plus du loup que du chiwawa, nous fixe sans nous voir. Il grogne, renifle, regrogne, et rerenifle.

-    Kajé, c’est moi. C’est Simanson !

-    Mais t’es totalement inconscient ! Tu comptes faire ami-ami avec cette chose ?

-    Tais-toi ! Il me connaît, il ne nous fera rien.

-    Mon œil ! Déjà qu’à cause de toi je suis à poil et puante sur le fronton d’une galère antique, tu veux en plus que je te crois quant à une possible amitié naissante avec un monstre ! Ok ne me regarde pas comme ça ! De toute façon je me trouve bien plus à gauche... Je me range à ton avis ! Vas-y discute…

-    Oui bon…

-    T’occupe plus de moi, je te dis.

-    Kajé, bon chien, viens c’est moi ! Non, je suis là.

J’y crois pas ! Le molosse remue son énorme touffe de poils qui doit être sa queue et se jette sur Simanson en l’inondant de bave !

-    Moins de bruit Kajé : tu vas nous faire repérer. Je suis avec une amie nous allons sortir du bateau…

-    Tu crois vraiment qu’il te comprend ?

-    Iaüle !

-    Je me tais, je sais !

N’empêche qu’il est totalement suicidaire…

-    Bon, nous allons descendre et tu nous couvriras. Tu as compris ? Non n’abois pas : ça risquerait de nous faire repérer. Viens Iaüle, cachons nous dans son pelage : notre ruse sera bientôt découverte…

Je suis folle ! Oui c’est ça, tarée. Mais c’est soit ça, soit me faire décapiter. Aucune réflexion : tu pourrais le regretter. Comment et pourquoi suis-je embarquée dans cette galère ?  Mystère et boule de gomme. Y a vraiment des gens qui ont pas de chance.  A croire que j’en fais partie (ce qui, notons-le, est contredit par le fait que Simanson et moi venons d'échapper à une mort horrible et certaine !).

Le pelage de cet animal est extrêmement irritant en plus de mon bain de crotte. Je dois être réellement horrible à voir. Dire que tout à l’heure je me plaignais d’avoir de la poussière sur la figure ! Maigre consolation : nous venons de quitter définitivement la galère (excusez ma lourdeur mais…) dans les deux sens du terme. Il faudrait que j’arrête de me faire des notes à moi même qui ne servent à rien mais c’est plus fort que moi : il faut bien que je communique avec quelqu’un. Maintenant il y aurait certes Simanson… Mais question discussion, à part les trucs féeriques et tout le tintouin, il n’y a pas grand chose. Ne te déclare pas vaincue trop tôt : un sursaut d’intelligence n’est pas à exclure (je me marre…).

Ce que j’ai mal aux pieds quand même ! Pourquoi j’ai pas plus insisté pour prendre mes chaussures ? Lui aussi a du abandonner les siennes. Oui, mais lui il est pas en soutif et culotte dans le froid. Ca caille vraiment dans ce foutu pays. Iaüle, ma vieille, tu as déjà oublier ta phrase culte « il faut positiver ». J’en ai marre y a pas de quoi positiver. Bon j’arrête de me plaindre vous m’entendrez plus c’est juré. De toute façon je ne vous manquerai pas. Eh ! Mais pourquoi je devrais arrêter de penser ? Déjà que je peux pas parler, non je ne vous ferais pas se plaisir ! Il faut apprendre à me supporter. Le silence ça se mérite.

-    Quand est ce qu’on s’arrête ? J’ai faim et je me pelle… T’as de l’argent ?

-    De quoi ?

-    Ben, une monnaie d’échange ! Tu sais des morceaux de papiers appelés bill…

-    Ben non ! Tu veux que je le tire d’où ?

-    Alors on ne mange pas ?

-    Je te rappelle que je ne suis qu’un pauvre matelot et que je ne suis pas sensé posséder les richesses de Forgatte ! De toute manière, on ne paie pas avec du papier.

-    Les richesses de qui ?

-    Rien, c’est pas grave.

-    Où on va passer la fin de la nuit ? Et j’aimerais tout de même te signaler que mon sens du ridicule, quoique très ouvert, succomberait à l’exposition de mon corps déshabillé devant tant de regards.

-    Je sais pas comment régler ton problème mais pour le moment tu es invisible alors souffre en silence pendant que je réfléchie.

-    C’est ça, réfléchis au moins…

-    Iaüle excuse moi, mais tais toi !

Insupportable, c’est tout bonnement le qualificatif que j’emploierai si je devais lui lancer des injures à la figure. Pourquoi je ne le fais pas ? Par intérêt bien sûr : il m'est trop précieux, sans lui je risquerais de faire des bourdes encore plus monumentales que celles que je n’ai pas arrêter de commettre depuis le jour fatal de ma naissance… Le monde a été, ce jour-là, une fois de plus défigurer par une erreur de la nature. Non, je n’exagère pas tant que ça ! Bon aller, pense à autre chose. Tiens, admire un peu le paysage, ça te détendra, si on peut appelé les enfilades de maisons un paysage... La ville doit s'étendre sur des kilomètres. Les rues de ce quartier sont étroites et fuient vers un point culminant : un château sur une colline, comme dans les films épiques. Je n’arrive pas à situer l’époque ressemblant à celle-ci dans mon monde d’origine.

-    Comment appelez-vous votre monde ?

-    Le monde d’Eluant.

-    Etrange nom pour une planète…

-    Et vous ?

-    La Terre.

Nous venons de quitter la ville. Plus loin dans la nuit j’aperçois une forme noire et étendue. Peut-être une forêt. Je suis tellement fatiguée que, de toute manière, où que l’on dorme, je dormirais.

-    Voila la forêt du détroit de Guire. Nous allons nous arrêter là. La nuit est fraîche mais Kajé nous tiendra chaud. Quant à l’argent… Iaüle ? Oh, tu dors ?

Cause toujours, je suis trop éreintée pour te répondre.

-    Ah, toutes les mêmes ! En plus je parle tous seul moi.

En fin de compte, les poils du monstre sont plutôt pas mal

Journal de Clella : 1er Yan de Doris, 2ème Herralan de Kolan.

Je sens que quelque chose va se passer. Je ne sais pas quoi. Aujourd’hui, j’ai lu dans le ciel un grand bouleversement. J’ai peur : cela présage peut-être une guerre, ou bien pire... La sœur Glella prie tout le jour. Elle pense comme moi.

La descendante  sera bientôt de retour. Je ne sais pas si c’est une bonne ou une mauvaise chose. Nous l’avons tant attendue. Ainsi la paix reviendrait, le chaos serait anéanti. Les dieux pourraient reprendre leurs rôles protecteurs. Les terres bafouées par ces hommes sans scrupule seraient de nouveau saintes. Il ne serait plus besoin de prier pour ne pas mourir sous le joug d’êtres sanguinaires. Tels les monstres des Combles, ils sèment le chaos dans les terres du Kimoliun. Ils sont sous les ordres de Schoralvor VIII. Comment un tel homme a-t-il pu obtenir tant de richesses, corrompre tant de gens et n’être jamais puni ? Les hommes aiment trop la richesse pour la condamner…

Je suis fatiguée. Les cours sont de plus en plus lourd. La Séfarade est réellement insupportable. Si elle continue à me traiter ainsi, je quitte le prieuré ! Comme les enfants. D’ailleurs, depuis cette nuit d’été il y a deux ans, de plus en plus de garçons téméraires veulent suivre la trace de cet évadé, qui fut assez intelligent pour pouvoir s’échapper sans aucun mal de cette forteresse. Moi aussi, en quelque sorte, je l’admire. Depuis ce temps la Séfarade est encore plus cruelle. A la fin de l’apprentissage, le premier jour, du Yan je partirai.

29 mai 2006

Chapitre 5 Le commencement Je crois que mon dos

Chapitre 5

Le commencement

Je crois que mon dos va tomber du reste de mon corps tellement j’ai mal. Cette nuit a été une horreur ! Moi qui croyais avoir atteint le summum la fois où je suis partie en classe de mer en quatrième ! On avait dormi dans des tentes, mais bon, en Bretagne, il pleut tout le temps. Et, comme par hasard, la seule tente à ne pas être équipée de pare-pluie, c’était la mienne ! Avec deux autres on a du passer la nuit totalement trempées, dans des sacs de couchage qui piquaient en plus, et une tente qui puait les pied : un vrai paradis ! Depuis je n’ai plus jamais fait de classe de mer…

Pour revenir au cas présent : pendant la nuit, une bande de fourmis carnivores ont failli nous attaquer. (Sans que je m’en aperçoive : j’étais trop occupée à garder les yeux fermés… Bah quoi ? J'ai toujours détesté les films d’horreur !) Une horde de loups génétiquement modifiés (à mon avis) dévoraient, à quelque pas de nous, un succulent rat de trois mètres ayant un air de famille, très léger, avec leurs homologues terriens. A part ça, comme je ne cesse de le répéter (avec une pointe d’ironie) à mon camarade de voyage : tout va bien dans le meilleur des mondes ! Sans jeu de mots…

D’ après Simanson, en suivant la route d’un bled nommé Birme, nous devrions croiser un village de fermiers. J’attend de voir ce qu’ils cultivent, parce qu’ici tout est verdoyant : pas une trace de jaune blé ou de maïs, rien que de l’herbe. Peut-être qu’ils mangent de l’herbe, tels des ruminants dans les pâturages ? Tu délires ma pauvre Iaüle ! Ah toi, tais toi un peu ! Je n’arrive pas à penser en paix !

Lolinpia. Ca doit être le village dont il m’a parlé. Enfin parler est un trop grand mot, mais je n’en vois pas d’autre pour qualifier son élocution. Bref, on s’en contre-fiche. J’espère que je vais bientôt avoir des vêtements, parce que l’exhibitionnisme c’est pas mon genre… Mais apparemment il connaît quelqu’un dans le village…

-    Nous y voilà !

-    Où ?

-    Ben, à Lolinpia… Franchement Iaüle, tu me fais peur parfois !

-    Désolé mon gars, mais moi je ne vois rien que des champs !

Non mais, il se fout de moi ?

-    Il te faut des lunn… Non, je comprends toutes les villes dans cette région sont munies d’un bouclier de transparence. Attend une fois que nous y seront rentrés, tu comprendras. Suis-moi.

Ok, ça va, je commence à m’y habituer aux trucs bizarres maintenant. C’est vrai de toutes façons, il n’y a que ça !

Il y a un autre truc qui m’inquiète : c’est comment rentrer chez moi. Quoique, en vérité, j'aimerais bien rester ici encore quelques temps… Merde qu’est-ce qui se passe ?

-    Iaüle ? Oh, ça va ?

-    Eh Iaüle, réveille toi.

Où suis-je ? Que se passe-t-il ? C'était quoi cette impression bizarre d'être happée par le vide ?

-    Ben dis donc ma vieille, tu m’a fais une sacrée peur ! Pire que la fois où j’ai failli être tué par le centaure des forêts de Timancy !

-    On est où ?

-    Dans la maison d’un ami.

-    Pourquoi je me rappelle pas y être entrer ?

-    T’as fait un malaise en traversant le bouclier. Ca arrive de se sentir mal la première fois, mais en général, personne tombe dans les pommes…

-    T’es en train de m’insulter de fille fragile ?

-    Mais non ! Repose toi. Y a des vêtements sur la chaise. A tout à l’heure au dîner !

-    Ouais…

La plus longue conversation qu’on ait jamais eut ! C’est une chambre assez sympa. Bon, j’ai plus sommeil, voyons les vêtements... C’est pas si mal dans le genre moyenâgeux. Une robe ! Non mais c’est totalement démodé ! Bon, encore heureux que ce soit du lin. Direction le miroir. Mais est-ce que ça existe ici ? On dirait qu’ils ont trois milles ans de retard ! Iaüle arrête de penser n'importe quoi. Tu es sur une autre planète, tu te rappelles ? Ah toi, là-haut, arrête : je t’ai pas sonnée ! Voila, c’est mieux quand t’es pas là. Bon bah… t’es aussi moche que sur la terre et en plus on dirait que tu vas au carnaval. Quoique, la robe ça cache les cuisses. Mais est-ce que toutes les femmes portent ce genre de fringues ? (Non ne recommence pas avec Shakespeare.) Coup d’oeil par la fenêtre : réponse affirmative. Au moins, je passerai inaperçue ! Bon, la couleur est plutôt moche : bleu marine délavé, pas du tout comme mon jean terrestre, parce que là, elle a vraiment du être portée pendant des siècles avant moi… Bref, je vais sortir faire un tour. Ça m’occupera.

Ici tout est vert : les maisons sont vertes, les charrues (oui, les gens se déplacent en charrues !)… Si un jour je reviens sur Terre, je pourrais parler du Moyen Âge en connaissance de cause. Je pourrais facilement devenir historienne, je ferais des conférences partout dans le monde, et je serais riche et célèbre ! Bon, là je divague vraiment. L’explication de la verdoyance apparente est très simple : c’est pour facilité le camouflage, en plus du bouclier. Bon d’accord, c’est une théorie un peu vaseuse… Ou alors, ils aiment tous le vert. Encore plus vaseux…

La manière de payer est assez étrange d’après mes observations : les gens échangent des sortes de fioles contenant plus ou moins un liquide bleu, contre de la nourriture ou autres choses. Il va falloir que Simanson me renseigne là-dessus. Ce qui est étrange aussi, c’est que les gens parlent le même langage que moi, mais que les écritures sont différentes. Je crois que je vais rentrer. Eh oui ! Je suis sortie en délinquante, sans prévenir personne. Je me la joue à la « Nicky Larson qui a peur de personne » ! Pour la énième fois, je déraille totalement…

-    Iaüle !

-    Oh, Siman...

-    Mais on t’a cherchée partout, t’étais où ?

-    Ici, en ville.

-    Recommence plus ça, t’as même pas de Fiare !

-    De quoi ?

-    La monnaie ici !

-    Bon, on rentre ? Parce que j’ai faim et il faut que tu m’expliques plein de choses.

-    Bonsoir, Iaüle.

-    Bonsoir.

Ce qu’il est grand ! C’est pas humain...

-    Simanson m’a tout raconté. Il fallait bien que tu reviennes un jour…

Que je revienne ? Il délire, c’est la première fois que je viens ! Heureusement que t’es un ami de Simanson sinon je te ferais pas confiance, moi. Comment il s’appelle déjà ? Ah oui ! C’est celui qui a pas de prénom : c’est Cap’tain. C’est bizarre quand même que sa mère l’ait appelé comme ça. Mais bon, il a peut-être pas de mère.

-    Ne me regarde pas avec tant de frayeur : un jour tu comprendras.

-    Qui êtes-vous, à part l’ami de Simanson ?

-    Je suis un ancien marin des galères de Kimoliun…

-    Et mon plus vieil ami… intervint un jeune homme qui venait d'entrer.

-    Ah te voilà toi ! Je pensais que tu ne viendrais pas, reprit le Cap'tain. Iaüle, je te présente Feram. Il habite Birme et demain il vous accompagnera, Simanson et toi : en ce moment les routes ne sont pas sûres…

Toi t’as une tête vraiment louche, je te le dis.

-    Simanson devrait arriver : il est dans sa chambre, continua-t-il. Ah, le petit moussaillon est là ! Ton ami est un véritable héros petite, le sais tu ?

Secouage de tête négatif.

-    Réussir de s’évader d’une des galères des marchands est un exploit !

-    Dis moi Feram, n’es tu pas encore plus laid que la dernière fois où nous nous sommes croisés ? intervint alors Simanson.

Mon sauveur ! T’en as mis du temps à venir !

-    Passons à table les amis !

Je crois qu’avec tout ce que le capitaine nous offre à manger, je vais attraper une indigestion ! Au début, tout ce que contenaient les plats ne me paraissait pas mangeable, en fin de compte, c’est succulent. Je me suis enfournée trois énormes cornets de baies, des hargues au sucre accompagnées de viande de friks (c’est comme du poulet), puis quatre assiettes de soupe d’herbes des Monts Neï : un vrai délice ! En gros, je m’en suis mis plein la panse, si bien que Simanson dois me porter jusqu'à la chambre. Heureusement que je n’ai bu que de l’eau ! Il m’a promis que demain il m’expliquerait tout sur tout, et que je serais aussi informée que si j'étais née ici. Ce qui n’est pas à exclure d’après…

Oh, que j’ai sommeil ! Pour le problème du langage, c’est réglé ils ont du me trafiquer le cerveau quand j’étais évanouie… Mais non ! Avant tu comprenais déjà Simanson ! Peut-être qu’il avait pris des cours par correspondance… Arrête de délirer, personne ne connaît l’existence de la Terre à part… A part ? Ah, je comprend c’est un complot… Si tu savais ! Bon aller, ferme-la toi ! Je dors…

Vraiment étrange : j’ai un souvenir d’hier soir où je parlais avec un femme, mais il n’y avait aucune femme… Non, c’était la voix dans ma tête… Je suis peut être schizo… Mais non, tout ici est tellement réel !

-    Bon Iaüle ! Tu te dépêches ? On part dans cinq minutes !

-    Oui j’arrive !

Quel enquiquineur celui-là !

-    Dis, Simanson, il est obligé de nous accompagner, l’autre là-bas ?

-    Oui ma veille, si tu veux pas te faire découper en petits morceaux par un être des Combles !

J’en ai marre de rien comprendre à leur charabia !

-    Dis, quand est-ce que tu m’expliques le B-A BA de ton monde ?

-    Pendant le voyage ! Aller grimpe.

Me voilà donc partie à bord d’une charrue verte (je tiens à le préciser) pour une ville appelée Birme, qui est entre autre la capitale du pays Birmanien. Et je ne sais même pas pourquoi : Simanson m’a dis que ce serait une surprise, et que de toute manière, comme il ne savait pas comment me faire repartir, il faudrait que je commence à m'acclimater. Une sorte de voyage initiatique dans mon nouveau monde... Ouais, ben ça a intérêt à me servir  à quelque chose… Une minute qu’on est partis et je m’ennuie…

-    Alors Iaüle, je te raconte.

Enfin !

-    Je t’écoute.

-    Ben, pose moi tes questions : ce sera plus facile.

-    Ok : pourquoi tout était vert à Lolinpia ?

-    Facile : chaque ville a une couleur définie selon qu’elle est agricole, économique, guerrière, artistique… Lolinpia est agricole, donc verte. Mais Birme est économique, donc orange. Ensuite ?

-    C’est quoi votre monnaie d’échange ?

-    Le Fiare.

-    Et plus précisément ?

-    Le Fiare est un liquide très précieux. Pour la monnaie courante, on utilise de l’eau du Lian, mais dans des fioles de tailles différentes selon la quantité. Seul les gens très riches possèdent du Fiare pur. Et encore ! Dans des fioles ultra protégées de la banque de Birme.

-    Et en quoi le Fiare est si précieux ?

-    C’est l'énergie. Les Anciens s’en servaient pour faire marcher des appareils très performants, mais, à trop s’en servir, les puits sont aujourd’hui presque épuisés. C’est pour cela que la banque de Birme utilise l’eau du Lian. Le fleuve passe par la forêt du pays Gnipus : il s’y trouve une source au pouvoir magique.

-    Quel genre de pouvoir ?

-    Elle peut guérir. D’ailleurs le prieuré Sainte Postiche est situé à côté du fleuve : les gens malades y font souvent des pèlerinages.

Comme à Lourdes. Je te félicite : c’est la première fois que tu arrives à garder une énormité à l’intérieur de ta tête.

-    On utilise cette eau comme monnaie car, en la mettant dans des fioles de verre, celles-ci deviennent incassables. A part les banquiers de Birme, personne ne peut les ouvrir. Mais ne me pose pas de question là-dessus : je n’en sais strictement rien.

-    Oui, sinon comment se fait-il que nous parlions la même langue mais que nos écritures soient différentes ?

-    Là, tu me poses une colle. Peut-être qu’à la Quedastra il y aurait une réponse.

-    La quoi ?

-    C’est un endroit où sont regroupés des textes de grimoires…

-    Une bibliothèque, quoi !

-    Tu n’as pas une question moins compliquée ?

-    J’en sais rien moi ! Si tu n’es pas capable de me renseigner, c’est pas ma faute ! C’est ton monde après tout…

-    Ne nous fâchons pas : qu’as tu envie de savoir d’autre ?

J'aimerais savoir pourquoi on va…

-    Tu te demandes pourquoi on va à Birme ? Pourquoi je te traîne avec moi alors que j‘aurais pu t’abandonner ?

Comment t’as fait ça, tu lis dans mes pensée ? Espion, escroc, violeur de mémoire… Iaüle arrête ! Personne ne lit dans tes pensées, je le saurais puisque je… La voix, arrête de me parler : tu me fais peur à la fin. Tais-toi, laisse moi en paix !

-    Eh Iaüle, tu rêves ?

-    Non, vas-y : tu disais ?

-    Nous allons à Birme parce qu'un jour… Merde, qu’est-ce qui se passe ? Feram pourquoi tu…


Journal de Clella : 1ier Yan de Doris, 3ème Bjalal de Kolan

J’ai fait un cauchemar, quelque chose d’horrible, inhumain ! Je ne sais pas comment décrire cette scène, c’était épouvantable, terrifiant de vérité ! Des rampants visqueux. Je ne sais pas d’où ils viennent, ils sont rouges, comme le sang. Je me sentais vidée, tellement lasse… Ils étaient là, sur nos abdomens, le mien, ceux des enfants. Couleur de sang. Je me suis réveillée en sueur. Je n’ose penser ce que dirait la Séfarade si elle venait à apprendre mes rêves, ou plutôt mes cauchemars... Je sens des présences inhabituelles.

Bientôt l’Oracle devrait être de retour, et quand ce serra le cas nous la rencontreront. J’espère secrètement être le guide dont parle la prophétie. Mais mes pouvoirs sont encore faibles. Il lui faudra quelqu’un de plus puissant pour combattre les armées d’Irgon. Mais la Fédération Elfique Des Empires du Kimoliun (FEDEK) lui apportera certainement son soutien. Ils pourront ainsi écraser les tyrans et soumettre tous le monde d’Eluant à une paix éternelle.

L’entraînement est de plus en plus dur. A la fin du Yan de Doris, je pars. Ou peut être avant. Je ne sais pas. Une grande confusion règne. Peut-être y a-t-il une migration de Malfeuseuses, ce qui expliquerait tout. Certains des enfants sont tellement énervés et fatigués qu’ils ne mangent plus : quatre des plus grands sont en soins chez les Dortyals. Mais elles ne règlent que les problèmes de santé. Si ce sont bien les Malfeuseuses, nous devrons partir. Je suis terrifiée rien que d’imaginer les horreurs qu’elles pourraient faire. Les gluants sont certainement leurs éclaireurs. Ils finiront par infester les rêves. Et nous mourons…

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29 mai 2006

Chapitre 6 Voir… Simanson : Carnet de voyage :

Chapitre 6

Voir…

Simanson : Carnet de voyage :

Nous étions, Iaüle et moi, à l’arrière de la charrue. Ce qui m’inquiéta tout à coup, ce fut le manque de mouvement. Aucun bruit ne parvenait plus à mes oreilles. Même Iaüle paraissait soudain encore plus absente que normalement. J’appelais Feram de l’intérieur de la cabine : aucun son humain ne répondit, juste un souffle rauque. Je n’avais aucune arme, rien pour me défendre. Et ils se trouvaient là. Toute une bande. Nous encerclant. Je me rappelais soudain la nuit où l’un d'eux avait faillit m'occire. Cette pensée me glaça le sang. Tout cela à cause d’une vieille prédiction. Je sortais doucement et me retrouvais nez a nez avec l’un deux. Il ne me vit pas. Une chance pour moi ! Je me rappelais que ces bêtes sont totalement aveugles et sourdes, seul leur odorat fonctionne. Ils allaient bientôt me sentir : je me déshabillais et intimais à Iaüle de le faire, par un simple regard. Elle me compris, vu sa tête cela ne l’enchantait guère : je la comprends en moins de deux jours elle se retrouve, par ma faute, en petite tenue dans la nature. Mais c’était la ruse qui m’avait sauvée la fois d’avant, pourquoi ne pas la réutiliser ? De toute façon, c’était il y a deux ans et ce n’était pas la même troupe. Iaüle paraissait totalement pétrifiée. Les autres ne nous avaient pas encore sentis, bien trop occupés à dévorer les chevaux et Feram. Je pris sa main, elle me suivit en courant. Je me retournais : les Combles étaient en cercle et festoyaient gaiement. Ce qui n’est pas, à proprement parler, l’expression que l’on doit appliquer à ce genre de réunion… C’était lugubre !

-    C’était quoi ces monstres ?

-    Des monstres des Combles.

-    Comment on a pu leur échapper aussi facilement ?

-    Ils sont totalement aveugles et ne marchent qu'à l’odorat.

-    Me voilà revenue à la case départ : je suis encore a poil. C’est pas possible ! Il n’y a que moi pour avoir de telles emmerdes. Je dois porter la poisse. A mon avis Simanson, tu devrais m’abandonner là. Je porte trop la poisse.

-    Non.

-    Non ? Pourquoi ?

-    Je t’expliquerai après, pour le moment nous allons rester ici. Demain nous irons récupérer nos vêtements. Je connais cette route : il y a pas loin une cabane dans un arbre, nous y passerons la nuit.

-    J’espère qu’elle va pas s’écrouler !

-    T’inquiètes pas, c’est moi qui l’ai construite. Plus jeune avec des amis…

Il a l’air tout mélancolique… Aller je suis sympa, je vais le vanner un bon coup pour lui remonter le moral :

-    Vraiment ? C’est d’autant plus inquiétant !

-    Eh Iaüle, ça va …

-    AHHHH !!!

-    Quoi ? Un Comble ?

-    Non t’es en train de sourire : c’est encore pire !

-    Ouais ! Très drôle !

-    Mais non, te vexe pas : je rigole !

On a décidemment pas le même sens de l’humour. Ou c’est peut-être lui qui n’en a pas… Bon je vais pas auto débattre sur le sujet pendant trois plombes, parfois je me sens vraiment seule dans ce monde de brutes. Heureusement que je suis pas aussi bête que les filles de ma classe ! Pardon : de mon ex-classe. Te reverrai-je un jour lycée ? (J’espère que non !) En attendant la nuit risque d’être horrible. La fameuse cabane sent le moisit et est à moitié vermoulue. Je fais semblant de pas trop le remarquer parce que j’ai bon cœur et que j’ai déjà vexer le pauvre garçon qui m’accompagne.

-    Bon on mange quoi ?

-    Iaüle, commence pas ! Allume un feu. Je crois qu’il y a un terrier de roisses dans le coin, j’en ai vu passer un tout à l’heure. Je te laisse seule.

-    Oui. (Allumer un feu ! Relativise : ça doit pas être aussi difficile...) Compte sur moi !

-    A tout de suite.

Me voilà toute seule, au milieu d’une forêt, et je suis censée allumer un feu de bois ! Mais avec quoi ? Ben avec du bois... Ah, te re-voilà ? Tu en as d’autres, des comme ça ? Non mais... Franchement, tu ne me sers pas à grand chose… Oui pour le moment mais un jour viendra…Arrête de parler comme un vieux maître de yoga ! Iaüle, par moment tu me désespères… Rien à faire. Arrête d’interrompre mes pensées, et c’est tout. C’est inimaginable tout le bruit que tu fais dans ma tête ! J’ai l’impression qu’un salon de coiffure entier y a élu domicile.

Après bien des essais j’ai enfin réussi à allumer le feu… Ou plutôt Simanson a réussi. J’étais sur le point d’allumer une brindille grâce à deux pierres trouvées sur le bord d’un chemin (très pittoresque). Quand Simanson a débarqué de derrière un bosquet tenant trois énormes écureuils noirs assommés (c’est ce qui s’en rapproche le plus), me flanquant la trouille. Il criait que, depuis le temps, le feu aurait dû être allumé. Ensuite il a remarqué les pierres et a éclaté de rire. Il pouvait plus s’arrêter. En fait on n'a pas le même humour. Moi je me moque pas des autres comme ça (bon parfois, mais c’est rare). Ensuite, quand il a pu se contenir, il m’a demandé si je comptais sérieusement allumer un feu avec les pierres. J’ai eut le mauvais réflexe de dire oui. Alors il est reparti dans son délire hystérique, quand, tout à coup, deux créatures longilignes sont apparues : elles nous toisaient, prêtes à nous sauter dessus. Simanson s’est aussitôt tu, un silence glacial s’est installé. Les deux êtres ne bougeaient pas. Nous non plus. Pour une fois je priais Dieu de nous venir en aide. J’avais froid et chaud, j’étais terrorisée et ravie, mon cœur battait à l’extérieur de moi. Expérience étrange ! En fait Simanson ne s’était pas vraiment tu : il était figé la bouche ouverte, il n’avait pas fini de rire. Chose insolite : un insecte entrait et sortait de sa bouche. A un autre moment, je me serrais moquée de lui, mais elles me fixaient, leurs regards pénétrant mon être. La plus grande esquissa, vers Simanson un mouvement d’une lenteur extrême. « C’est lui. » Je l'ai entendu dans ma tête, mais ce sont les créatures qui parlaient. Un million de voix. Elles n’étaient que deux. Une douce chaleur m'a alors envahie. Je me sentais glisser dans une eau pure et lisse, douce et merveilleuse.

Maintenant nous sommes tous les deux dans la cabane. Le feu crépite. Je viens de me réveiller, Simanson est près de la porte, le front barré : il est soucieux. Il ne dit rien. Après le repas, couchée dans de vieilles couvertures sentant le renfermé, je n’ose pas lui demander si il les a vues, et ce que c’était. Peut-être des amis… ou des ennemis.

-    Iaüle !

-    Ouais ?

-    Tu les as vues ?

-    Quoi ?

-    Non, rien…

-    Oui, enfin tu parles des choses de tout à l’heure ?

-    Oui.

-    C’était quoi ?

-    Je ne sais pas. Tu as entendu ce qu’elles disaient ?

-    Je crois : elles parlaient de quelqu’un.

-    De moi ?

-    Tu n'as pas entendu ?

-    Non, elles me montraient, c’est tout.

-    Elles ont dit « C’est lui. ». T’as peur ?

-    Non.

-    T’as le droit : c’est humain.

-    Ouais… Bonne nuit.

Toujours très bavard le garçon : quelle merveilleuse compagnie.

Je ne sais toujours pas pourquoi on va où on va, et je ne crois pas qu’il est très envie de me le dire. De toute façon, vu que sans lui je ne sais pas où aller, autant le suivre. Pourquoi les créatures le désignaient ? Il ne les connaît pas ! A moins qu’il m’est menti... Non, il paraissait vraiment perturbé. En tous cas, j’ai bien mangé ! Aller Iaüle, il faut dormir ! Fait de beau rêve. (Je suis gâteuse.)

Il fait chaud. Trop chaud. Où suis-je ? Des flammes lèchent les murs, le plafond est très haut, une pièce pleine de dorures, des peintures style antique, très faste, très grandiose. Je n’arrive plus à respirer ! Qui est-ce là-bas, cette masse brune, informe ? Elle est inaccessible, elle flotte dans l’air. On dirait une femme, jeune. Elle me ressemble… Je suis bien. Je suis légère. Simanson est à côté de moi. Il souffre, la fumée l’étouffe. Je lui parle : aucun son ne sort de ma bouche. Il porte quelque chose dans ses bras : un être humain. Tout petit, tout maigre. Mou. Sans vie. C’est moi !

-    Iaüle, ça va ?

-   

-    Respire. Eh, tu m’entends ?

-    Oui

-    T’as fait un cauchemar ?

-    Ca paraissait tellement réel…

-    Quoi ?

-    On était en train de brûler. J’étais… Je mourrais… Tu souffres… C’était…

Un truc horrible me transperce l’estomac de l’intérieur. Une matière gluante entre mes doigts. Je vomis. C’était insupportable. Tellement réel, tellement proche ! La tête me tourne. Simanson me porte à côté du feu.

Le feu. C’était une vision apocalyptique. J’étais en train de mourir. J’étais à l’extérieur de moi. C’est la première fois qu’un rêve me paraît si proche de la réalité et en même temps totalement impossible. Rêver de sa mort… Dans une émission une femme disait avoir rêver de sa mort alors qu’au même instant son mari succombait à un accident de voiture. Mamie... Papi… Ils n’ont rien, ne t’inquiète pas… Comment peux-tu le savoir ? Je le sais, crois moi… Pour une fois… Crois moi… Je ne comprends rien de ce qui m’arrive… Bien assez tôt tu verras, les réponses viendront…

-    Iaüle, tu vas mieux ?

-    Oui. Je crois, je n’en suis pas certaine.

-    La nuit touche à sa fin : nous pourrions retourner au chariot pour récupérer des vêtements. T’es sûre que ça va ?

-    Je vais pouvoir marcher, t’inquiètes !

Il s’intéresse à ma santé ! C’est assez étrange de le voir comme ça. Bon, en fin de compte, il a peut-être un cœur. Je juge les gens beaucoup trop tôt !

-    Ouais, mais j’espère que j’aurais pas besoin de te porter comme un bébé.

Ok je retire ce que j’ai dis. Il n’a que de la condescendance à mon égard... Fais pas la fille vexée…

-    Aller on y va !

C’est un véritable champ de bataille : les restes des chevaux sont étalés par terre, à droite des restes de Feram. C’est tout simplement horrible. Je crois que si j’avais été seule je me serais évanouie, mais devant l’autre (je l’ai baptisé ainsi depuis tout à l’heure) j’allais pas faire la fille faible qui tombe dans les pommes dès qu’elle voit une marre de sang. Dans l’autre monde, tous seraient morts de peur devant ce spectacle sanglant, mais bon, il faut faire avec son temps ! Ou plutôt avec les coutumes. A vrai dire, tout est différent de ce que je connaissais : les gens, leurs habitudes, leurs vêtements… Cela ne me dérange pas outre mesure. J’ai l’impression que j’ai toujours vécue ici alors que je n’y suis que depuis moins d’une semaine. La vie est vraiment étrange : un jour vous trouvez votre existence ennuyeuse à périr, vous ne rêver que d’une chose : l’évasion, puis, par un coup du hasard, ou du destin selon les croyances, vous êtes projetez dans un univers où pas une seconde ne se passe sans rebondissement. Et là vous ne pensez plus à rien qu’à votre paisible vie d’antan (quand je dis "vous" je parle surtout de moi, parce que là, je serais bien contente de regarder la télé : je crois que je suis en manque...)

Nos vêtements sont déchirés. Heureusement qu’il y a ceux prêtés par le Cap’taine. La jupe est trop étroite mais en rentrant bien le ventre ça passe. La chemise est très ample et cache mes bourrelets. Les chaussettes piquent et les sabots sont trop grands (je n’ai plus des pieds mais des péniches). A part ces détails purement esthétiques, nous nous sommes remis en route. Simanson quant à lui, arbore une sorte de surcot par dessus une cotte du Moyen Âge (seul cours d’histoire dont je me rappelle : en cinquième, le remplaçant de Madame de Risdot était très intéressant… et très beau !), un vieux bermuda gris marron, et des sabots trop grands. Nous sommes vraiment bien assortis : si on est pas envoyés à l’asile à l’approche de la civilisation, moi je dis « chapeau ! ». En même temps, c’est peut-être très à la mode dans ce monde.

Nous nous dirigeons maintenant vers Birme. Nous avons rejoint la route en terre battue que nous suivions hier. La forêt est derrière nous, le paysage est plat et verdoyant, plusieurs caravanes nous ont doublés. Les gens nous regardent avec pitié ou mépris. Je ne sais pas quel sentiment je déteste le plus quand je le personnifie. La route est depuis un kilomètre ou deux en pavés. Maintenant, des habitations pauvres cohabitent avec des fermes immenses. Au loin, le soleil se reflète bizarrement sur l’horizon : peut-être à cause du bouclier protecteur de la ville.

-    Comment est Birme ?

-    Gigantesque.

-    Pourquoi y allons nous ?

-    Besoin de Fiole.

-    Et à quoi vont-elles servir ?

-    A payer le voyage.

Un voyage ? Mais il est taré ! On va pas voyager dans un pays si dangereux ?

-    Où est on censé se rendre ?

-    Je ne sais pas encore.

C’est du baratin, tu sais très bien où on va !

-    Non, sérieusement : j’en ai marre de pas savoir.

-    Je te le dirai en temps voulu, t’inquiètes pas.

Si ça se trouve, il me mène en bateau depuis le début. Il a pas d’argent et il sait pas où on va aller. Je ne m’en étais pas rendu compte, mais nous sommes passez dans un autre pays : un grand panneau annonce "Pays Birmanien".

-    Nous voilà arrivés Iaüle, enfin… presque. Birme est là-bas, près de cette colline.

J’avais vu juste. La colline en question n’est près d’aucune ville. Enfin, à l’oeil nu !

Journal de Clella : 1er Yan de Doris, 3ème Festal de Kolan.

La Séfarade nous a rassemblées aujourd’hui dans la petite salle de prière : elle nous a longuement parlé des Malfeuseuses. D’après elle, si celles-ci sortent de leur montagne, c’est pour exterminer les derniers défenseurs de l’Oracle. Le prieuré, je le sais, fait parti de cette catégorie. Nous courrons un grave danger. Tous les enfants et les Dortyals vont être évacués au-delà du Désert de Liazme. Je ne sais pas exactement où. Nous, les Sœurs Tyop, les combattantes, nous devons rester ici pour les exterminer. Les Malieuses nous aiderons à combattre les gluants dans les rêves. J’aurais aimé être l’une d’elles, contrôler le subconscient, l’inconscient, les rêves…

Le combat sera certainement acharné, mais nous vaincrons. Ou du moins je l’espère… Les Malieuses ont un pouvoir supérieur à celui des Malfeuseuses, elles travaillent pour le bien. Les combattantes aussi. Je suis fière d’en faire partie. Je me demande à quelle cause les Malfeuseuses sont ralliées ? En général, elles vivent en autarcie, sans aucun besoin du monde extérieur. Elles n’ont pas besoin d’argent. Alors pourquoi sortir de leurs tanières rocheuses ? La dernière fois qu’un tel événement s’est produit, j’avais à peine sept Pigrules, c’était à la fuite de l’Oracle. Elles devaient la tuer pour permettre aux malfaisants Schoralvor et Mineslas de prendre le pouvoir…

La Séfarade n’a pas véritablement approché le sujet de l’Oracle : peut-être la prophétie est-elle en train de se réaliser ! Cela ne serait pas étonnant, tous les paramètres sont présents. Les Malfeuseuses en font parti.

29 mai 2006

Chapitre 7 Les Banquiers de Birme. J’espère que

Chapitre 7

Les Banquiers de Birme.

J’espère que je ne vais pas tomber dans les pommes en passant le bouclier ! Mais cette fois je suis prête, je ne me laisserai pas avoir : j’en ai marre de passer pour une fille fragile. Je crois que je devrai travailler dans la pub. Mon nouveau slogan « Ne passez plus pour une faible fille ! ». J'ai remarqué qu’en ce moment j’arrêtai pas de le penser.

Il faut dire que Simanson est plutôt du genre très grand, très costaud, alors moi à côté avec mon mètre cinquante cinq et tous mes bourrelets, je fais plutôt petit point dans l’univers. Mais bon, au moins j’ai quelqu’un pour me protéger ! Je sens la force du bouclier, nous y sommes presque. Allez Iaüle, courage ! Garde bien les pieds dans tes sabots et l’esprit dans ta tête, c’est pas le moment de délirer.

-    Ca y est,  on est arrivés devant le bouclier, alors tu gardes la tête sur les épaules.

Non mais, il croit que je vais la mettre où ma tête ?

-    Quoi ? Fais pas cette tête !

On parle un peu trop d’elle en ce moment : se préparerait-il quelque chose pour me l’enlever ? C’est du plus mauvais goût quand on sait que… Et bien moi je ne sais rien, alors pour la énième fois, je te demande de la fermer !

-    Eh Iaüle ! T'es toujours avec moi ?

Hein ? De quoi il parle ?

-    Oui ?

-    Voilà le boucl…

La voix de Simanson me parait à des kilomètres et soudain juste à côté de mon oreille. Tout est déformé. J’aperçois au loin les formes de maisons, d’immeubles. Des arbres flous, des gens aux contours inexacts puis… un homme immense (au moins deux mètres), juste en face de moi, la peau brillante, d’une étrange couleur orange… mais non c’est son uniforme.

Me voilà à Birme depuis à peu près une heure. Tout est orange ici. Même les gens portent pour la plupart des vêtements orange, ou plutôt des robes, comme celles des sorciers de Harry Potter. Bon on peut arrêter là les comparaisons vaseuses car, à part ce détail purement matérialiste et tout à fait digne de moi, rien n’est semblable à ce que je connaissais auparavant : les immeubles sont tellement hauts que les derniers étages sont perdus dans les nuages, les arbres ont des feuilles aux teintes orange d’automne, il n’y a pas de bus ni de métro et pas de voiture, seulement des espèces de grandes soucoupes rondes pneumatiques ressemblant à des bateaux aéroglisseurs (les mêmes que ceux ralliant l’Angleterre par la Manche en partant de Calais).

Simanson a l’air détendu depuis que nous avons passé le bouclier. Le danger de se faire attaquer par des monstres dans une telle ville est quasiment improbable. Mais il faut tout de même rester sur ses gardes, des fois qu’ils se déguiseraient en être humain (ce qui est carrément impossible vu leur carrure). La paranoïa me guette ! Ensuite je tomberai dans la folie profonde et…

-    Est-ce qu’il existe des asiles psychiatriques ici ?

-   

Pourquoi il me regarde comme ça ?

-    C’est à moi que tu poses la question ?

Non, non : c’est à Duchnoque là-bas, triple buse !

-    Bah, oui !

-    C’est quoi un asile Spychatruc… ?

-    Psychiatrique. C’est pour les fous, les pas normaux…

-    Tu veux parler des Citadelles ?

-   

-    Ouais, ça doit être ça. Pourquoi cette question ? Il en existe dans toutes les grandes villes ou capitales.

-    Merci…

Vraiment, je dois avoir un don pour débiter des imbécillités. Maintenant il doit vraiment croire que je déglingue !

Nous sommes depuis une heure (si ce n’est deux), assis dans une salle d’attente aux murs blanc comme la neige et dont le plafond me paraît à des kilomètres du sol. C’est une banque. La Banque de Birme et du FEDEK. Simanson m’a expliqué que Birme est la plus grande des capitales économiques des Empires du Kimoliun. Le FEDEK signifie Fédération Elfique Des Empires du Kimoliun. Cela fait très longtemps que cette communauté existe. Il ne sait pas trop de quand ça date, tout ce qu’il ma dit c’est " J’étais pas né à l’époque ". Un argument qui tient bien la route, mais moi non plus j’étais pas née à la création de l’Europe et pourtant ! Bon, j’avoue : en fait je sais pas… Toujours est-il que seul le peuple Niubisse n’y a pas adhéré tout de suite, ayant peur de perdre toute sa culture et ses richesses. Il y quelques temps, ils ont compris qu'en fin de compte, le commerce de leurs exploitations à l’extérieur serait bénéfique. Aujourd’hui les Niubisses font parti du FEDEK, et sont toujours aussi puissants.

-    Monsieur, Mademoiselle, le banquier numéro dix vous reçois dans cinq minutes, comptoir treize.

-    Quoi ?

-    Oui. Iaüle suit moi et ne t’arrête pas en route comme tout à l’heure !

Quel besoin a-t-il de toujours me rappeler mes bêtises ? Il est vrai que tout à l’heure, juste après avoir traversé le bouclier, un homme immense me barrait le passage. Ou plutôt, c’était moi qui l'empêchait d’avancer, vautrée comme je l’étais sur le parapet. Et moi, au lieu, de me relever pour dégager la route, je suis restée comme une idiote assise au beau milieu de la chaussée. Un bien étrange spectacle pour les badauds habitués à traverser le bouclier sans encombre (pas comme moi…). Bref, une fois de plus, je me suis ridiculisée. Vous me direz que je suis plus à ça près, mais quand même !

-    Allez, suis moi. C’est immense ici, si tu te perds, tu mettras des Closias à retrouver ton chemin !

J’en ai marre qu’il me parle chinois et qu’il me montre sa science. Branché sur le mode débile (on sera au même niveau…) s’il vous plaît !

-    Bonjour Monsieur… ?

-    Théosard Grandusse.

-    Vous êtes ?

-    Le neveux du Capt’aine Grandusse.

-    Exact, j’ai reçu un message de sa part.

-    C’est pour un emprunt…

-    De trente milles fioles, je sais.

Mais qu’est ce qu’il raconte Simanson, il débloque : Théosard, ça sort d’où se prénom. C’est vraiment pas sérieux. Bon ça doit être une combine entre eux. Je vais me taire sinon, à tout les coup, ça va foirer. Eh ! Mais il s'en va déjà ! Il pourrait m’attendre !

-    Iaüle, dépêche !

-    Oui, j’arrive.

Ce qu’il est autoritaire tout de même !

-    Restez bien derrière moi. Pour accéder au coffre nous devons passer par des détecteurs spéciaux. Puis nous descendrons dans les puits par des petites capsules aérodynamiques. Vous devrez donc porter des gilets à air.

En bref, des gilets de sauvetage pour traverser de petits ruisseaux souterrains. Ca va être épique !

Les enfilades de portes se succèdent et donnent le vertige. Quand est-ce qu’on arrive ? Je commence à avoir mal aux pieds moi… Arrête de te plaindre ! Pourquoi es-tu toujours si exécrable à chaque fois que tu apparais ? Tu ne m’écoutes jamais, me rembarres sans cesse ! Ouais, je m’excuse. Mais j’ai du mal à m'y faire, avoir une voix  dans ma tête qui arrête pas de faire des réflexions philosophiques ! Je comprends que tu sois surprise et je suis contente que tu acceptes le dialogue avec… Oh là, doucement ! Je n’ai encore rien dis ! Tu recommences à être désagréable avec moi ? Très bien… Non ! Enfin bon, je t’écoute… Tu dois me faire confiance, même si je te fais peur, tu dois m’écouter. Je ne suis pas ta conscience. Je suis indépendante de toi mais si tu meures, je meure… Je ne comprends pas… Il n’y a rien à comprendre. Si tu veux rester assez longtemps en vie pour savoir qui nous sommes, alors écoutes mes mises en garde… Ok maintenant on coupe la communication sinon je vais me faire enguirlander par Simanson…Très bien, mais je suis toujours là…

Toujours là ? Elle m’espionne ? Maintenant je vais avoir l’impression d’être sans arrêt sur écoute. Iaüle calme-toi : la voix ne peut pas être une espionne. Peut être est-ce juste un fragment de ta personnalité qui surgit. Je suis en train de devenir schizophrène. Déjà l’autre nuit ! Non : si je devenais folle, je ne m’en apercevrais pas. J’ai toujours été un peu décalée par rapport à ceux de mon âge. Mais ça ne veut rien dire... Bon j’arrête de psychoter pour rien, je me concentre sur le chemin à suivre.

Les parois des murs en pierre ont une couleur orange éclatant et sont humides. En fait, ce sont des cascades d’un liquide pur et frais. Je le sais, j’y ai passer la main et l’espèce de nain qui nous sert de banquier m'a jeté un regard plutôt équivoque : « la prochaine fois que t’y touches, je te balance dedans pour te noyer !». Tous des assassins antipathiques, les banquiers, même ici. Je pensais qu’ils seraient moins aigris et radins que sur Terre... Je reconnais ma faute : ils sont pires. Après avoir traversé un dédale d’escaliers de plus de cinq milles kilomètres (à mon avis) nous voilà devant des tuyaux énormes enfoncés dans le sol.

-    Voici les puits, nous allons descendre dedans grâce aux capsules.

Ca va pas ! Je vais pas monter là dedans !

-    Euh… Pourquoi doit-on porter les gilets à air comprimé ?

-    Il y a eu récemment des cas d’ouvertures intempestives des capsules. C’est une mesure de sécurité. (Au moins si le client résiste à la chute vertigineuse, on est sûr de retrouver son corps flottant !)

Je refuse catégoriquement de monter dans ses engins de malheur !

-    Aller Iaüle, fait pas ta mijaurée et enfile ce gilet, je serai là.

-    Très drôle ! Je suis sûre que toi, tu as vraiment les pétoches ! Moi, c’est juste que je suis fatiguée, alors jouer aux montagnes russes…

-    Dépêchez-vous, jeunes gens : vous n’êtes pas mes seuls clients.

Ce qu’il est barbant celui là !

-    Plus vite on y sera, plus vite on partira…

Je suis installée dans la capsule entre Simanson et une grosse dame dont le volume est doublé par celui de son gilet. Les capsules sont en fait comme de petits wagons de trains. Les banquettes sont recouvertes d’un tissu… orange (et oui !). Elles sont très moelleuse et j’aurais presque envie d’y faire une petite sieste si l’éventualité de me retrouver écrasée en bas ne me passait sans arrêt dans la tête.

-    Attention, mesdames et messieurs ! Pour votre sécurité et celle de tous les autres passagers, veuillez attacher la ceinture qui se trouve à votre droite. Dans quelques minutes, toute la capsule sera verrouillez, alors rentrez vos mains et jambes à l’intérieur du véhicule pour ne pas risquer de vous les faire sectionner à la fermeture des portes automatiques. Si c’est le cas vous n’aurez aucun moyen de les récupérer ou de vous faire rembourser, selon la loi n° 451 du FEDEK.

Ici aussi les hôtesses ont des voix mièvres et sucrées. C’est dans toutes les cultures !

-    Attention au départ !

Laissez moi descendre ! Les portes se ferment inexorablement. Ma fin est proche. Dans mon malheur j’ai de la chance : Simanson est avec moi. Je ne mourais pas en présence de gens qui me sont totalement inconnus. Pourquoi est-ce que je ne suis pas chez moi en train de me regarder un super épisode de Scoobidoo ? Tu es vraiment inchangeable ma vieille… Dis moi petite voix, on va mourir ? Non, je ne crois pas… Tu crois pas ou t’en ai sûre ? On n'est jamais sûr de rien ! C’est vraiment pas drôle ! Ah… L’important est de garder ton calme… Facile à dire… Concentre toi sur ma voix : du calme, du calme… Répète. Du calme…

En fin de compte, grâce à ma voix intérieure, je suis arrivée en bas pas trop secouée : à force de l’écouter, le temps est passé dix fois plus vite ! Je crois qu’elle a raison : le calme en toute circonstance, ça économise des forces. Ou c’est que j’ai déjà entendu ça ? Ah oui : Jacki Chan. Un de mes dessins animés cultes. Et que je ne reverrai plus jamais... Je suis maudite !

-    Suivez moi !

Je l’avais presque oublié le vieux grigou ! Il se rappelle à moi comme un rhume. Nous sommes sous terre, dans des grottes. Un liquide orangé ruisselle de partout. De petites rivières coulent en serpentant au milieu de ponts et de plateformes, arrivant des puits. Les gens sortent de derrière des murs de pierre. Ce doivent être les coffres car ils portent des paniers emplis de fioles.

Le plafond, bien plus bas que dans les salles du dessus, est encore plus impressionnant : des croisés d’ogives surplombent le hall et les cavités de la roche donnent un aspect de cathédrale à la pièce. Une étrange musique flotte dans l’air. C’est terrifiant de beauté ici…

-    Allons, dépêchons ! Vous avez le coffontaine numéro quatre-vingt-trois : c’est par là. Regardez devant vous quand vous marchez, mademoiselle !

C’est bien ce que je dis, certaines personnes sont nées pour enquiquiner les autres : il doit en faire parti. Wah ! Il y a dans ce coffre plus de fioles qu’on ne peut imaginer. Le Capt’ain doit être vraiment très riche ! Et très généreux vu la quantité que Simanson est en train de mettre dans notre sac… Il y en a des petites, minuscules, d’autres plus hautes que moi ou même dépassant Simanson. Tout simplement incroyable ! Quelque chose que je me demande : où sont fabriquées toutes ces fioles, et par qui ? Je questionnerai Simanson plus tard.

-    Nous allons maintenant repartir par les capsules. Suivez moi.

-    Nous voici revenus à l’extérieur, et en quête d’un hôtel. Ce qui semble difficile à trouver ici...

Il me semble que Simanson va craquer si nous ne posons pas tout de suite les pieds dans une chambre. Alléluia (comme je le pense peu souvent mais à cette occasion je peux faire une exception), il faut garder espoir : en face de nous se tient la plus petite maison que j'ai jamais vue. " Au Grand Elfe " est écrit en tout petit sur la devanture. D’où viennent tout ces gens qui sortent de la baraque ? Comment peuvent-ils tous tenir là dedans ?

-    Viens Iaüle, entrons.

Je suis un peu sceptique : ça a l’air miteux comme endroit, mais très fréquenté vu le peuple qu’il y a… De l’extérieur, c’est tellement étriqué, alors à l’intérieur, ça doit être aussi grand que… Buckingham Palace !

29 mai 2006

Chapitre 8 Au Grand Elfe Simanson, carnet de

Chapitre 8

Au Grand Elfe

Simanson, carnet de voyage :

Aujourd’hui, nous nous sommes rendus à la banque du FEDEK à Birme. Le Capt’ain Grandusse me devait une aide depuis longtemps : il a payé sa dette et, avec sa générosité, nous avons de quoi financer le voyage. Je ne sais pas encore très bien de quoi il s’agit. Mon informateur devrait bientôt me contacter. Nous sommes installés au Grand Elfe. Iaüle a parue atterrée de la place qu’il y a à l’intérieur. Je peux la comprendre : la première fois, ça fait un choc.

Depuis quelque temps, je n’arrête pas de me souvenir de mon évasion du Prieuré, il y a deux Pigrules. Je me demande si mon informateur ne serait pas la Séfarade. A dire vrai, il est étrange que j’ai pu m’échapper aussi facilement après avoir entendu ses paroles. Tout s’embrouille depuis que j’ai rencontré Iaüle, tout se remet en cause dans mon esprit... Son histoire de venir d’un autre monde, ça me fait un peu peur. Si c’est bien elle, je ne me sens pas capable d’assumer la charge de guide. Ce soir après le repas, je lui avouerai le but de notre périple. Et, même s’il m’en coûte, si mon informateur ne me joint pas, je la conduirai à Ste Postiche. Ils sauront quoi faire là bas…

C’est insensé. Je connais l’effet qui rend les choses "un peu" plus étroites, vu de l’extérieur, mais là, c’est carrément démentiel ! C’est tellement vaste et si richement décoré ! Pourtant les chambres ne sont pas très chères. La mienne est jaune, avec un lit en bois jaune, des édredons et oreillers jaune. La seule chose qui ne l’est pas, c’est moi. J’ai rendez-vous avec Simanson quand la cloche du repas retentira. J’ai terriblement faim : le dernier repas avalé était la viande d’écureuil dans la forêt ! Pour l’instant, je vais essayer de me reposer.

J’ai le sentiment que ce soir quelque chose d’important se prépare… Je ne sais pas pourquoi. Peut-être est-ce l’attitude de Simanson ? Tout à l’heure, je suis entrée dans sa chambre pour lui demander du savon (il n'y en avait plus dans ma salle de bain qui est, elle aussi, jaune) : il s’est précipité pour camoufler un livre sous son matelas. Et quand il m’a adressé la parole, c’était sur un ton très sec. Je sais qu’il me cache quelque chose depuis le début, mais quoi ? Et pourquoi ?

Si je m’écoutais, j’irais tout droit dans sa chambre pour fouiller ses affaires…Et tu fais bien de ne pas t’écouter… Pourquoi tout ces secrets, même toi tu es dans ma tête et tu sais plus de chose sur moi que… Nous sommes une en paraissant être deux… Arrête ce charabia : je vais redevenir désagréable… Je te l’ai déjà dis : le jour de la vérité est proche, mais es-tu sûre de vouloir l’entendre ? Oui, j’en suis persuadée : j’ai toujours détesté les secrets et puis… Eh, t’es là ? Petite voix répond ! Elle m’a encore laissé parler toute seule, à chaque fois c’est pareil ! Il ne me reste qu’une chose à faire : dormir.

Une chaleur étouffante… Les flammes lèchent les murs… Iaüle, écoute-toi ! Qui c’est là-bas ? Je pleure… Simanson, il souffre… Ne te fis à rien… Au secours ! Je brûle ! Tout est en feu… Qu’est-ce que je ressens ? Rien… Vient m’aider… J’ai une impression de déjà vu… Qui est-ce ? Une masse informe et agonisante…. Ah !

-    Iaüle, réveille toi ! C’est qu’un cauchemar.

-    Venez m’aider ! Je meure, je brûle !

-    Calme toi !

Vomir… J’étouffe…

-    Je veux sortir…

-    Ok, sur le balcon…

Encore ce cauchemar affreux. Ce n’est que la deuxième fois que je le fais et pourtant j’ai l’impression que ça fait des siècles qu’il se réitère.

L’air est frais au dehors. Simanson à côté de moi semble perdu à des kilomètres. A quoi peut-il bien penser ? Il est toujours si sûr de lui depuis que je l’ai rencontré alors le voir hésitant c’est assez troublant ! Je sens qu’il veut me dire quelque chose, me parler, se libérer d’un poids. Tout est tellement soudain : il n’y a pas si longtemps, à cette heure j’aurais été dans mon lit en train de penser à mes devoirs non faits et, prise de remords, j’aurais rallumer la lumière et aurais fait la moitié d’un exercice de français. Maintenant, tout est loin. J’ai l’impression que tout était un rêve et que…

-    Iaüle, t’es réveillée ?

-    Oui.

-    Il faut que je te parle.

Nous y voilà…

-    Tu me jures de m’écouter sans faire de réflexion ?

-    Oui, de toute façon je ne vois pas ce que je pourrais dire !

-    Ca va être assez long, alors reste les oreilles grandes ouvertes.

-    Ok, et puis j’ai pas sommeil alors ça va aller !

-    Il y a environs deux Pigrules…

-    Deux quoi ?

-    Non Iaüle, commence pas : t’as juré !

-    Poursuis, poursuis…

-    Donc à cette époque, je me trouvais au prieuré Ste Postiche, là où sont envoyés les enfants orphelins. Bref, un soir, j’ai surpris une conversation entre la Séfarade, c’est la directrice du prieuré et d’autres sœurs. Elles parlaient d’une prophétie où il était question du retour de l’Oracle d’Irgon. Alors la paix reviendrait sur le monde de l’Eluant. La Séfarade m'a surpris, elle ne m’a pas battu : elle m’a juste dis « Ce que tu viens d’entendre aurait, de toute façon, transformé ta vie ». Je n’ai pas compris ce que cela voulait dire et je ne comprends toujours pas. Plus tard, un billet m’a été envoyé : il était écrit « rends toi à la porte principale, je t’y attendrais. Mais viens cette nuit ! ». J’y suis allé : une personne dans l’ombre m’a alors ouvert la porte. Elle m’a donné cet autre papier. Et elle m’a dit « Je serai ton informateur. Dans ton sommeil, je te donnerai les messages de ce que tu dois faire ». Cette nuit, avant ton réveil, elle m’a dis de te remettre ce papier. Et ensuite nous partirons à Ste Postiche. Maintenant, repose toi bien. Et à demain matin.

-    Simanson, qu’est ce que je dois faire avec… ?

-    Pour commencer, lis ce qui y est écrit.

-    Mais il n’y a rien d’écrit dessus.

-    Tu as raison, mais ce n’est plus l’heure de jouer aux devinettes. Il est très tard et je suis éreinté. Nous ne ferions aucune découverte intéressante à mon avis, alors nous réglerons le problème demain. D’ailleurs je viendrai te réveiller dès l’aube : nous partons en Aérocapt jusqu'à Ste Postiche et il y a quatre heures de trajet. Bonne nuit, et essaie de ne plus faire de cauchemar.

Mon dieu ! Ce garçon a un sens de la compassion totalement… inexistant !

Prieuré Ste Postiche, Chambre de la Séfarade :

La Séfarade, assise au milieu de la pièce, murmure des incantations face à un tableau noir. Des volutes de fumées s'échappent d’entre ses doigts longs et secs. Assise dans un coin, je regarde, effarée, la scène. Sur le tableau apparaissent deux visages. L’un est celui d’une jeune femme, l’autre d’un homme. Ils disparaissent et laissent place à deux autres visages : à la place de la jeune femme, une adolescente lui ressemblant, et à la place de l’homme un garçon du même âge que la fille et ressemblant, lui aussi, à son prédécesseur sur le tableau. Puis toutes les images s’entremêlent. Et deux bébés apparaissent. Deux petits garçons. Le tableau redevient noir. La Séfarade se retourne vers moi :

-    Clella, voilà la prophétie.

-    Je ne comprends pas…

-    Ecoute moi : à Ste postiche, toutes les sœurs peuvent contrôler le présent. Es-tu d’accord ?

-    Oui.

-    Si ton entraînement a été si dur, c’est parce que, dès ta naissance, tu as été choisie.

-    Mais pourquoi ?

-    Ne m’interromps pas Clella : tu as été choisie pour être une Séfarade.

-    Moi ?

-    Oui, sais-tu exactement quel est le rôle d’une Séfarade ?

-    Veiller sur un des trois prieurés, avoir le pouvoir de contrôler le présent, le passé et le futur.

-    Pas seulement ! Ne sais-tu rien d’autre ? Réfléchis bien, rentre en toi-même.

-    Non, je ne vois pas ?

-    Là est le problème, tu ne vois pas. Mais personne ne voit sauf les Séfarades. Es-tu sûre de ne rien voir ?

-    Les gluants ? Mais tout le monde les voit !

-    Détrompe-toi : les plus fins vont les sentir ou percevoir leur présence, les autres vont faire des cauchemars. Mais seules les Séfarades les voient, les regardent dans toute leur horreur. Je sais que tu les vois, Clella.

-    Oui, mais pourquoi moi ? Je suis faible. Sœur Gletya, elle, est plus robuste.

-    Tu sais te battre aussi bien qu’elle, et avec plus de finesse. Certes, sœur Gletya, est une excellente combattante, mais toi, tu as la vue ! Ne discute plus, regarde et écoute.

Les deux visages adolescents ont repris place sur le tableau noir.

-    Ces deux êtres vont arriver demain. Reconnais-tu le garçon ?

-    Celui qui s’est enfuit…

-    Exact : je l’ai laissé s’enfuir. C’est un personnage-clé dans le retour de l’Oracle !

-    Et la jeune fille ?

-    Elle, tu devras la protéger sur ta vie ! A partir de demain, vos destins à tout trois seront scellés. Bonne nuit, Clella.

29 mai 2006

Chapitre 9 Prieuré ste Postiche . Le paysage est

Chapitre 9

Prieuré ste Postiche .

Le paysage est magnifiquement surnaturel. Les arbres sont immense et leur feuille d’un vert indéfinissablement clair. Dans le ciel d’un violet profond deux astres luisent. Se sont les lunes de Gastella et Doris, m’a expliqué Simanson. Assise devant la fenêtre je contemple ce spectacle d’un romantisme à toute épreuve. Et je me sent devenir poète.

Le prieuré en lui même est une sorte de château fort en pîerre blanche et antracite, il est sur élevé d’un toit en bois clair .Au rez de chaussé les pièces sont ouvertes sur des jadins fleuris de milles couleurs. Tous ce décort donne un aspect presque joyeux à l’endroit.

Mais l’intérieur est beaucoup plus austère. Une jeune femme aux yeux lavandes, nous à fait visiter les lieus. Dans les étages les couloirs sont très larges mais sombre, car seul des sortes de petites meurtrière laissent entrer la lumière. Deux grandes bibliothèques fournit en livres divers et variés.Une salle à mangée sinistre comptant trois grandes tables circulaire,faites de  bois foncé, ainsi qu’une plus petite au millieu.

Un jardin d’hivers ,aussi étendu que les jardins extérieurs, d’ou elle nous a conduit à la source du fleuve Lian, dans une cavitée souterraine .La couleur de l’eau du Lian est indéfinissable, chaque rayons des différents soleils transfome le précédent ton en un encore plus beau. Au fond de la grotte se tient une énorme machine en bois ressemblant vaguement à un moulin à eau terrestre. Cet instrument réparti des doses de liquide dans des fioles, les même qu’à la banque de Birme. La jeune sœur nous expliqua qu’il était probable de rencontrer des tourristes, car nous arrivons en plein dans la saison des pélerinnage. Elle était tellement bavarde que nous fûmes renseigné sur tout et tout le monde sans avoir rien demandé. Et la sœur truc… Tatati… et machin…tata…Bref que de culture…

Je suis maintenant dans une sorte de cellule de nonne, très déprimante. Elle compte un petit lit en bois , au matelat aussi dur que du béton.Je m’en contenterais, c’est vraiment pas le moment de faire la difficile. Depuis que j’ai débarqué dans ce monde il m’est arrivé pas mal de chose, et j’ai le sentiment que ça ne fait que débuter. Je crois que je commence à avoir vraiment peur du lendemain. Et le fait de ne pas savoir ce qui est écrit sur ce fichu papier m’inquiète. Mais je relativise, j’aurais pu tomber plus mal. Si je n’avais pas rencontré Simanson, à l’heure actuelle, je serrais suremment déjà morte dévorée par une horde de pirates carnivors.Ou, obligé de me prostituer pour pouvoir survivre !(Idée, à proscrire, j’ai l’esprit mal tourné par moment.)

En définitive, je préfère être coincé ici dans cette pièce mitteuse. Papi et mamie me manque, je me demande si ils pensent à moi aussi ? Ils ont certainement prévenu la police de ma disparition ! Ils ne me retrouverons jamais, cette pensée me paralise… Je suis inexistante, dans le monde de l’Eluant, je n’ai aucun papier d’identité…Crois moi Iaüle tu n’en à pas besoin, les gens te connaissent bien plus que tu ne le crois…Pourquoi je suis une star de cinéma ?…Arrète un peu, soit sérieuse, penses- tu vraiment que beaucoup de gens possède une voix intérieur… Je n’en sais rien, et puis j’en ai assez de tous ça ! je ne comprend pas pourquoi j’ai été catapulté ici, sans avoir rien demander ! je voudrais des explications !Ce n’est quand même pas trop demandé ?… Attends encore un peu, les réponces viendront plus vite que tu ne l’imagine. Ne te torture plus, si tu es dans ce monde, c’est à cause de ta destiné. Tu es née pour être ici et pour accomplir de grandes choses…Moi ? Non mais tu m’as regardé, je ne suis qu’une ado mal dans sa peau et totalement égocentrique, et « je dois accomplir de grandes choses ? », tu dérailles complètement ! … Ne soit pas si sceptique, même les gens les plus réfractaires à leur destiné finnissent par l’accomplir, je te laisse, quelqu’un frappe à la porte…

-Oui entrez !

(petite femme maigre, habillée de noir, aux yeux violets profonds et cernés.)

-Bonjour Iaüle.

-Qui êtes-vous ?

-Je suis la Séfarade du prieuré Ste Postiche.

-Vous êtes une sorte de « Mère supérieur » ?

-Si l’on veut, oui.

-Que faites-vous exactement ?

-J’étudie la vie, son mouvement sans cesse. Je réfléchit, je médite, et surtout j’apprends.

-Vous devez connaître beaucoup de choses. J’ai vu vos bibliothèques, c’est là que vous apprenez ?

-Oui.Et aussi dans la nature, j’y trouve des réponces, souvent très surprenantes d’ailleur.

-Et qu’elles sont vos question ?

- Les même que les tiennes, sans doute ?

-Probable ! J’ai des tonnes de questions, mais je ne sais pas comment les formuler clairement. Elles sont beaucoup trop vastes.

-Je peux toujours essayer d’y répondre, mais je ne te promet rien.J’ai un conseil à te donner, il est très facil à suivre : laisse les questions jaillir de tes lèvres, telles l’eau d’une source. Elles te paraitrons claire à énoncer et peut être un jour tu trouveras toi même les réponces ? Je t’écoute, maintenant. 

-Pourquoi moi ? Ou ce trouve cette planète dans l’univers par rapport à la terre ? C’est quoi véritablement les monstres des combles ? C’était quoi ces créatures que nous avons rencontré dans la forêt ?

-Des créatures ? Comment étaient-elles ? décrit les moi ?

-Elles étaient grandes et minces. Leur peau d’une couleur argentée. Elles ont débarqué comme par magie, alors que simanson allumé un feu de camp. L’atmosphère est devenue glaciale. Nous ne pouvions plus bouger, nous étions comme figés. Je me sentais Heureuse et profondement triste à la foi.Puis elles ont désigné Simanson et mille voix ont dis « C’est lui. »

Vous savez qui elles sont ?

-Oui, Iaüle, j’ai bien peur que vous ayez rencontré des Malfeuseuses !

-Des quoi ?

-Je vais te raconter l’histoire du monde de l’Elluant. Tout du moins dans les granddes lignes.

Il faut que tu m’écoutes attentivement car toutes les déclarations que je vais te faire devrons rester graver en toi à jamais. Et surtout ne m’interromp pas !! Et tu prètes ?

-Oui.

-Tu as appris, sur terre, que bien avant les hommes vivaient sur ces territoires des dinosaures…Puis est venues l’air glaciaire. Pendant cette période, les scientifiques terriens ont toujours soutenu, qu’il n’y avait eu aucune vie. Oublie cela, il y a eu des habitants, tout un peuple c’était installé dans les glaces.Ils avaint étaient chassé de leur précédent Univers, mais ceci est trop compliqué à t’expliquer maintenant. Ce peuple existe encore aujourd’hui sur les terres du FedEk , dont tu as certainement entendu parlé ?

-Oui, simanson m’a expliqué .

-Bien ce peuple disais-je se nomme « Niubisse ». Ils peuvent controler l’eau, et possèdent une technologie très avancée . Les Niubissent n’étaient pas seul sur les territoires terriens, il y habitait aussi les peuples Elphique du Kimoliun actuel. Puis un jour la Terre c’est réchauffée, et une autre forme de vie est apparut. Au fur et à mesure du temps celle ci c’est dévellopé et l’ « Hommes » a maitrisé le feu, puis les outils… Enfin ils ont découvert l’existance de la vie féerique dans leur monde si rationnel. Et cela ne leur à pas plut. Ils se sont mis à pourchasser toutes formes de « Magie », comme ils aiment à nommer les savoirs faire du peuple Elphique. Les Niubisses ont alors pris une grande décision. Leur technologie avaient un tel potentiel qu’ils s’en servirait pour créer une planète à leur image. Dont ils ne serraient jamais chassé.

Voilà comment ils ont contruit l’Elluant. Nous possédons notre propre Univers, nos propre systèmes solaire. Mais pour créér cette univers à l’exterieur de l’univers d’origine il fallait une porte. Ne t’es tu jamais demandé quelle était la signification des pierres de Stonehenge ?

Ne fait pas cette tête, oui le mystérieux cercle de Méghalite au beau milieu de l’Angleterre est la fameuse porte dont je viens de te parler.

-Mais qu’elle rapport ça à avec les malfeuseuses ?

-J’y arrive, les malfeuseuses sont les gardiennes de ces portes depuis environs seize années terriennes.

-Et pourquoi pas avant ?

-Depuis ton arrivé quelqu’un t’a t il renseigné à propos de l’existence de l’Ile d’Irgon ?

-J’en ai vaguement entendu parler.

-L’ile d’Irgon ou l’Ile des dieux comme beaucoup aiment à l’appeler, est en guerre depuis cette période. Et les ennemis du Prieuré ont installé ces gardiennes.

-Pourquoi ?

-Tu devras encore apprendre beaucoup sur le monde d’Elluant avant d’avoir cette réponce. Ce que je peux te dire c’est que les malfeuseses, ne peuvent pas te toucher phisiquement. Le seul mal qu’elles pourront te faire serra psychologique. Elles infestent nos rêves en général…

-… Nos rêves ? Elles leur font quoi ? Elles les transforment en cauchemard ?

-Exactement !

-Alors elles m’ont déjà aggressé, au moins deux fois.

-Raconte moi, si tu le veux ,bien entendu ?

-Je suis une sorte de fantôme, j’assiste à la scène sans rien pouvoir faire. Je regarde Simanson souffrir, parcequ’il étouffe et d’ailleur moi aussi je n’arrive plus à respirer correctement. Nous sommes dans une sorte de Hall d’hôtel très luxueux, qui brûle. Simanson tien quelque chose entre ses bras.Un petit corps, qui à l’air inanimé. Et juste avant de me réveiller je réalise qu’il s’agit de moi ! Vous vous rendez compte je me vois morte !

-C’est bien l’œuvre de ces maudites créatures. Mais ici tu es bien protégée. Certaines des sœurs de Ste Postiche sont formées pour le combat depuis, leur enfance. Elles sont appelées les « Combattantes ». Je voudrais que toi et Simanson rencontriez l’une d’entre elle. Elle se nomme Clella. Elle est jeune, mais elle pourra tout autant que moi répondre à certaine de tes questions. A présent , suis moi nous allons diner.

-Attendez ! J’ai une dernière chose, très importante à vous demander.

-Je t’écoute ?

-Est-ce vous l’indicateur de Simanson ?

-Oui ! Il t’a remis le papier comme je le lui avait demandé ?

-Oui justement c’est à propos de cela. Il n’y à rien d’écrit dessus.

-Ah ! Crois tu vraiment ?

-Et bien regardé par vous mêm… Mais il n’y avait pas ce dessin tout à l’heure !!!

-Je sais Iaüle, mais ne t’affolle pas. Simanson comprendra. Il t’expliquera. Viens maintenant, nous allons être en retard, et je déteste ça.

Ainsi, je ne suis même plus dans mon univers d’origine. Je ne peut même pas me dire, que je me trouve à environ trois années lumière de mes grands parents. Je sent la nostalgie pointer le bout de son nez. Et ce dessin étrange. Je l’ai déjà vu quelque part, mais ou ? Je me creuse le ciboulot depuis tout à l’heure et je n’en ai toujours pas la moindre idée. C’est agaçant à la fin.

Et puis il n’y a pas de rideaus aux fenêtres comment voulez-vous dormir dans de telles conditions. Tout est là pour que je me triture le cerveau jusqu’au bout de la nuit.En plus, j’ai peur de dormir à cause des malfeuseuses. Je ne veux plus avoir à faire ce cauchemard.

Enfin la Séfarade m’a beaucoup parlé, mais je ne sais toujours pas quelle est la raison de ma projection sur l’Elluant. Il y en a forcément une, puisque la petite voix me parlait de « destiné ». Oui, j’ai décidé de la croire, de l’écouter et de lui accorder une plus grande place dans ma vie. Après tout elle fait parti de moi, elle ne peut mettre, que bénéfique.

Non je ne joue pas la lèche botte !!! j’assume ce que je suis voilà tout !!!

Demain matin, normalement, je ferrai la connaissance de Clella. Si elle est aussi sympathique, que Simanson , j’ai vraiment pas de chance !!!

La vie au prieuré à l’air extrement difficile. Les sœurs ne se parlent pas entre elles. Elles paraissent muettes.Je comprend pourquoi notre guide de ce matin parlait autant. Elle doit se retenir , alors quand des gens de l’extérieur arrivent et qu’elle à l’opportunité de s’exprimer, ça y va. Pour ce qui est du repas celui servi se soir était très, comment dire… « frugal » . Il y avait en tout et pour tout, trois feuille d’une salade verte saveur noisette, une purré de couleur orange dont je n’ai pas pu définirle goût , et un grand verre d’eau. Tout ce qu’il y a de plus diététique.Mon unique réconfort est qu’à ce régime là, je vais finir par perdre du poids.

24 mai 2006

l' Extérieur est fantaisiste...

Ce qui dénota ce jour là...

Nous ne dirons pas "elle est posée sur l'étagère entre un bouquin d'éric Holder, Un chandelier blanc Ikea et une carte postale de Maria" NOn ,non il était juste posé sur une table de jardin, à coté d'un verre en cristalle et d'une assiette de qualité...

Il était étange de le voir ainsi entouré, lui si décallé. Paraît de ces grosses fraises rouges...

De qui parles-tu? me direz-vous... Je vous parle de ce verre en plexi glasse, qui par un bel après midi de printemps se retrouva comme une paysanne au milieu des rois...

Là tout intimidé par ceux ,qui l'entouraient, il devient "L'éloge du banal". Moi , qui l'avait chercher si longtemps...Qui l'avait par tout un tas de moyen inventé, crée...Voilà que le destin et le hasard, unis dans un même élan me l'offrirent.

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(Plexi-glass ou un éloge du banal...)


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